Martin Bormann, l’homme de confiance d’Hitler
Un spécialiste de la seconde guerre mondiale et du IIIe Reich
Docteur en histoire, François Delpla s’est fait connaître du public des amateurs d’histoire en publiant des ouvrages percutants et marquants comme Churchill et les français (Plon, 1993), L’Appel du 18 juin 1940 (Grasset, 2000) ou Une histoire du IIIe Reich (Perrin, 2014). Dans ces livres, il se fait l’adversaire de l’approche dite « fonctionnaliste » de Martin Broszat faisant d’Hitler un dictateur faible, renonçant à nazifier en profondeur le pays après avoir décidé de s’appuyer sur les élites conservatrices. Son travail sur Martin Bormann se situe dans cette opposition.
Un ambitieux et un nazi
Avec cette biographie, Delpla nous restitue un Bormann issu d’une famille de petits fonctionnaires, qui réussit à se faire remarquer, comme secrétaire au parti nazi, d’abord par Rudolf Hess. C’est en suivant ce dernier que Bormann construit le début de sa carrière, s’imposant par sa capacité de travail. Par Hess, il accède à Hitler qui le remarque et le charge de différentes besognes. Bormann se fait remarquer par ses convictions nazies et anti-chrétiennes (son zèle contre les églises sera permanent). Il échappe à la disgrâce après le départ de Hess pour l’Angleterre. Au passage, signalons que pour Delpla, Hitler était au courant de ce départ et de la volonté de Hess d’arriver à un accord avec les anglais, un sujet qui divise beaucoup les historiens
Mauvais génie ?
Après-guerre, tous les dignitaires nazis survivants, en particulier Albert Speer, accablent Bormann, porté disparu et condamné à Nuremberg (on ne retrouvera ses restes qu’au début des années 1970 et il sera identifié grâce à ses dents). C’est aller vite en besogne. Bormann gérait les finances d’Hitler, connaissait bien des secrets. Mais il était loin d’avoir la puissance d’un Himmler ou d’un Goering. Surtout, Delpla démontre à quel point Hitler, malgré son délabrement physique croissant, a gardé son autorité jusqu’au bout. Pour son chef, Bormann était surtout un subordonné, un paratonnerre.
Voici en tout cas une biographie en français qui fera date sur un personnage méconnu qui suscite encore bien des fantasmes…
Sylvain Bonnet
François Delpla, Martin Bormann, homme de confiance d’Hitler, Nouveau monde éditions, octobre 2020, 416 pages, 21,90 eur