La modernité désenchantée, revisiter le XIXe siècle

Un duo d’historiens du dix-neuvième siècle

On connait ici Emmanuel Fureix, maître de conférences à l’université Paris-Est-Créteil pour des ouvrages comme La France des larmes (2009) et Le Siècle des possibles (PUF, 2014) qui en ont fait un des spécialistes du dix-neuvième siècle. François Jarrige est quant à lui maître de conférences à l’université de Bourgogne et a publié Technocritiques (La découverte, 2014). Ensemble ils ont écrit un essai sur le dix-neuvième siècle français, La Modernité désenchantée, paru en 2015 et réédité au printemps en poche.  

Un siècle complexe

Les auteurs ont à cœur de revisiter ce qui, pour des gens comme moi, constituaient le siècle dernier (aujourd’hui c’est le XXe siècle). Fureix et Jarrige choisissent de revisiter l’histoire de ce siècle censé être archi-connu. On relit ainsi la révolution industrielle et les conflits sociaux qu’elle a engendrés, ainsi que les transformations de la société et du paysage. Les deux auteurs insistent aussi beaucoup sur les oubliés de l’histoire : femmes, colonisés.  Il sera ici difficile de nier la position inférieure des femmes, dans l’esprit du code Napoléon, qui régit une bonne partie de l’Europe occidentale, a été difficile à l’époque. Idem pour les colonisés, par exemple en Algérie. On sent aussi que nos deux auteurs s’inscrivent à gauche de l’échiquier politique. Soit.  

Des sociétés de contrôle

En lisant cet ouvrage apparaît la problématique du contrôle. Pour la société issue de la Révolution française, contrôler est une obligation. Les femmes bien sûr, via les obligations du code Napoléon. Les masses laborieuses ensuite, dont on redoute les révoltes très nombreuses et dont la Commune constituera l’acmé. L’État accroît donc son emprise en développant ses domaines d’intervention, incluant l’hygiène et l’environnement, en utilisant au mieux les fonctionnaires à sa disposition.

Voici un ouvrage avec lequel on peut être en désaccord et qui suscitera des débats : c’est tant mieux, l’histoire en a besoin.  

Sylvain Bonnet

Emmanuel Fureix et François Jarrige, La Modernité désenchantée, La Découverte, février 2020, 420 pages, 13 eur

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