Entretien avec Patricia Mazuy, réalisatrice de « Paul Sanchez est revenu »

Recherché depuis une dizaine d’années pour meurtre et incendie volontaire, Paul Sanchez réapparait soudainement dans le Var. Mais pourquoi cherche-t-il à attirer l’attention sur lui ?… La gendarmerie locale – et tout particulièrement une jeune maréchale-des-logis – se lance sur sa piste. Rien n’est aussi simple qu’il n’y parait… Paul Sanchez est revenu signe le retour de Patricia Mazuy (Peaux de vaches, Saint-Cyr…) qui n’avait plus tourné pour le cinéma depuis 2011.

 

Entretien

D’où vient le sujet du film ?

Il vient de deux choses : le rocher de Roquebrune-sur-Argens et la projection que l’on a dans les faits divers, comment on s’avale dedans, comment on les dévore. C’est le vrai sujet du film : tous les personnages sont traversés par ce sujet-là. Comment on est pris par une sorte de tsunami mental qui vous emporte et comment, quand on est un peu fragile, ça vous fait basculer. C’est aussi le portrait d’un petit coin de France – comme un portrait de la France en coupe verticale – où des milliardaires vivant à côté et des marchands de pneus… Comme mon scénariste sait que j’aime le polar, les westerns et les uniformes, il m’a apporté l’idée de ce film. 

 

Quelle était l’idée de base ?

Ça tenait en deux lignes ; une gendarmette dans une petite caserne obnubilée par un criminel au bout sa cavale. Et à partir de là le film s’est fait très vite. 

 

Zita Hanrot tient Laurent Lafitte en joue

 

 Quels ont été vos partis-pris ?

Faire du cinéma et même du cinoche. Les deux personnages principaux vivent une grande aventure : l’un sur son rocher, l’autre dans sa caserne. Il y a aussi un côté western avec les décors et la musique. Mais cela reste un film français, pas du tout un film américain. L’histoire est complexe et il fallait rester au plus près des personnages. 

 

Aviez-vous des références de polars français ?

J’avais surtout des références pour la musique : Ennio Morricone, Nino Rota. Mais c’est vrai que pour certaines scènes, je ne voyais plus Laurent Laffitte mais Lino Ventura ! J’avais une volonté de renouer avec le polar français.

 

Zita Hanrot

 

 

Pourquoi Laurent Laffitte ?

Parce qu’il a un corps qui peut être à la fois complètement tragique et totalement burlesque. Des fois on a l’impression que son corps est trop grand pour sa petite tête. Il est plastique, il peut aussi bien ressembler à Michel Simon qu’à Cary Grant !… Il a aussi un point commun avec James Stewart c’est qu’ils peuvent avoir la tête de monsieur tout-le-monde… C’est le rêve pour un réalisateur… Pour le transformer il fallait une heure et quart de maquillage. C’est un acteur qui sait rester disponible pour le présent. 

 

Quelles furent les contraintes de tournage ?

Il a fallu tourner vite. Nous avions 65 décors dans un périmètre d’une vingtaine de kilomètres carrés donc on tournait assez vite. En plus le jour tombait vers 5 heures et cela nous obligeait à ne pas perdre de temps. Je voulais avoir une dynamique d’action. 

 

Laurent Lafitte

 

Comment avez-vous conçu l’univers de la gendarmerie ?

C’est une sorte de petit monde reconstitué comme une comédie mais qui rend les gendarmes plus humains. Au début, le commandant est très cassant mais à la fin il devient émouvant. Et puis ce ne sont pas des policiers mais des militaires. Il y a un truc de vieux cow-boys dans leur garnison perdus au bout du monde… C’est vrai qu’au début on est un peu perdu sur le ton du film et la gendarmerie apporte un peu un ton de comédie. Les gendarmes de Draguignan, qui ont vu le film, ont été enchantés ! 

 

Quelle importance attachez-vous aux costumes ?

Jamais je n’ai passé autant de temps à peaufiner le look des personnages. Parce qu’il y avait à la fois un côté tragédie et un côté comédie que je n’avais jamais fait. Paul Sanchez, par exemple, n’a qu’une seule tenue et elle devait raconter quelque chose. On a beaucoup cherché et l’habilleuse a ramené cette veste qui rappelait les westerns-spaghettis.

 

Laurent Lafitte

 

Connaissiez-vous le rocher de Roquebrune-sur-Argens ?

Non c’est mon scénariste qui le connaissait. Au départ j’aurais préféré tourner au cimetière américain de Colleville-sur-Mer qui est vraiment l’endroit où je voudrais tourner un film un jour mais il m’a poussé à aller voir le rocher. De très beaux endroits en France, il y en a partout mais celui-là est particulier. Tout le Var est particulier avec son aspect arrière-pays de la Côte d’Azur, ses vignes, cette route qui le défigure, ses villages. Il y a un monde moderne fissuré par une nature flamboyante. Une façade sauvage d’un côté, une façade urbaine de l’autre qui sont tellement proches que l’on pouvait les avoir dans le même plan. 

 

Propos recueillis par Philippe Durant

 

Paul Sanchez est revenu

Patricia Mazuy

Avec Laurent Laffitte et Zita Hanrot

1h51 – sortie le 18 juillet

 

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