L’invention de la musique moderne : Stravinsky et Schönberg, des révolutionnaires

Journaliste, Cyril Azouvi a récemment publié 1942 (Passés composés, 2022) en collaboration avec l’infographiste Julien Peltier. Il a décidé ici de changer de registre pour se tourner vers l’étude de ce qu’il semble un tournant de la musique classique, l’année 1913. Cette année-là a vu la première représentation du Sacre du Printemps de Stravinsky à Paris tandis qu’à Vienne on jouait la musique d’Arnold Schönberg. Pourquoi ces deux évènements sont-ils si importants ? On dispose en tout cas des textes de Cocteau et de Zweig pour nous raconter ce qui s’est passé…

Rupture avec le passé…

Monté avec une représentation des Ballets russes, le Sacre du Printemps tourne au pugilat au théâtre des Champs-Elysées. Il faut noter ici ce que nous dit Cyril Azouvi : Stravinsky rompait avec la tradition de la musique classique, jouant à fond sur ce qu’on appelle les dissonances. On comprend que les auditeurs aient été très surpris et aient rejeté cette œuvre. Les collègues musiciens de Stravinsky se montrent perplexes même si certains comme Debussy ou Ravel. Et puis les danseurs russes étonnent… A Vienne, Schönberg choque également avec ses œuvres, inventant la musique atonale et tournant le dos à la mélodie, le tout dans l’atmosphère de la Vienne du début du XXe siècle, dans cette angoisse au bord du gouffre. Pourtant, la scène artistique viennoise est alors à son zénith avec les œuvres du peintre Klimt et la sécession.

… Et début de l’avant-garde

Chacun de son côté, Stravinsky et Schönberg inventent la musique contemporaine qui émerge au sein de cette musique dite « classique » qui a su gagner les cœurs des mélomanes. Cyril Azouvi note avec justesse le divorce quasi-immédiat entre la musique de ces deux artistes et le « grand public » de l’époque, resté attaché aux valses et à la musique romantique (que Stravinsky ne renie pas complètement). Au bout de ce chemin, on trouve Pierre Boulez et ses disciples, Philip Glass aussi et bien des avant-gardes éloignées du public…

Mais la mélodie ne disparaît pas, elle va même revenir avec la musique rock et pop dans la seconde moitié du XXe siècle : chut, c’est une autre histoire.

Sylvain Bonnet

Cyril Azouvi, L’invention de la musique moderne, Perrin, janvier 2025, 304 pages, 23 euros

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