Éversion, Reynolds l’astucieux

Une valeur sûre de la science-fiction

On connaît surtout ici Alastair Reynolds, astrophysicien et écrivain, comme l’auteur du cycle des Inhibiteurs. On lui doit aussi des novellas très intéressantes comme La millième nuit (Le Bélial, 2022) et Mémoire de métal (Bragelonne, 2021). Les éditions du Bélial publient ces jours-ci Éversion, son dernier roman, qui est, disons-le de suite, un petit bijou.

Cauchemar en boucle

Un bruit de pas vint me sauver de mon cauchemar. Son approche dénotait l’urgence : des semelles dures battaient le vieux bois qui crissait. Je repris connaissance assis à mon écritoire, la joue pressée sur les pages de mon manuscrit, mon pince-nez posé devant moi, gauchi par le poids de mon front. Je le redressai, le juchai sur mon nez et m’aspergeai le visage avec l’eau d’une cruche en terre cuite couronnée d’un bouchon de liège.

Silas Coade est médecin à bord de la goélette Demeter au début du XIXe siècle. Il sauve le colonel Ramos de la mort en le trépanant et devient son ami tout en supportant les quolibets de la comtesse Cossile. Le navire longe les côtes norvégiennes en quête d’un Édifice mystérieux découvert par un autre navire, l’Europe, dix ans auparavant. En approchant de l’Édifice, le Demeter subit des avaries et Silas est écrasé par le mat… Et se réveille comme médecin du Demeter en route vers l’Édifice non loin du pôle Sud. Il y a Ramos et Ada Cossile. Ils approchent de l’édifice mais Silas est tué… et se réveille à bord d’un dirigeable en route pour le cœur de la Terre, en quête du fameux Édifice, toujours lui. Et toujours avec Ada qui lui a dit :

Inutile de vous torturer à ce sujet pour l’heure. Je vous reverrai, docteur Silas Coade. Dormez du sommeil des morts. Tant que vous le pouvez. 

Qu’est-ce qui arrive au médecin Silas Coade ? Pourquoi cette histoire qui se répète ? Qui est-il ? La solution est dans l’espace, quelque part sur Europe…

Vertigineux

Éversion est proprement enthousiasmant. L’auteur a conçu son histoire avec plusieurs « twists » qui, à chaque fois relancent l’intrigue et le personnage avec intelligence et aussi humour, grâce à la présence d’Ada. La maitrise narrative de Reynolds est indéniable. On songe à de grands anciens comme Stapledon et aussi Dick, avec ce jeu des réalités et des simulacres en boucle. Il n’y a rien à redire ou à reprocher… Lisez Éversion, vous ne le regretterez jamais.

Sylvain Bonnet

Alastair Reynolds, Éversion, traduit de l’anglais par Pierre-Paul Durastanti, Le Bélial, illustration de couverture d’Amir Zand, février 2023, 320 pages, 23,90 euros

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