Michel Sardou, un chanteur qui ne laisse personne indifférent

Un défi

L’auteur de ces lignes doit commencer par faire un aveu : il n’a jamais été passionné par les chansons de Michel Sardou. Pour autant, cet ouvrage de Florent Barraco, longtemps journaliste au Point et désormais adjoint de la direction du Figaro.fr, sort dans un contexte particulier : le chanteur a été attaqué durant l’été par l’artiste Juliette Armanet, ayant qualifié Les Lacs du Connemara, un de ses plus grands succès, de « chanson de droite » et « sectaire ». Or, cette chanson n’a rien du tout de politique, parlant surtout d’une Irlande largement fantasmée. Michel Sardou paie ici une réputation datant des années 70. Cet ouvrage permet de mieux comprendre son itinéraire.

Un enfant de la balle

De fait ce petit dictionnaire revient sur les débuts de Sardou. A l’origine, il voulait être acteur comme ses parents Fernand (génialissime chez Jean Renoir) et Jackie (irrésistible dans le rôle de la veuve Crouzy dans On a retrouvé la septième compagnie) et tourne quelques films après avoir pris des cours de comédie. Mais il bifurque vers la chanson et signe chez Barclay. Pour autant son envie des planches ne l’a jamais quitté et il refera plus tard du théâtre, avec plus ou moins de succès.

Un chanteur populaire

Il se fait remarquer avec « Les Ricains, qui est censuré par le pouvoir gaulliste qui goûte peu ce rappel du coup de main Yankee en juin 1944 au moment où la France quitte le commandement intégré de l’OTAN. Mais Sardou devient un chanteur à succès dans les années 70 avec des titres comme Les Bals populaires ou La Java de Broadway.

Pourquoi ? D’abord sa voix, chaude et grave, celle d’un ténor. Ensuite des chansons qui emportent, avec des refrains jugés irrésistibles. Et puis Sardou est un chanteur populaire, qui dit « je » et s’adresse à l’auditeur quitte à provoquer des polémiques comme avec Je suis pour au sujet de la peine de mort. De là date la détestation des médias de gauche ou progressistes à son égard, qu’il alimente aussi par pas mal de provocations…

Un personnage complexe

De droite donc ? Pourtant, avec sa chanson sur le France il sera portée aux nues par la CGT de l’époque. S’il a été proche de Nicolas Sarkozy, il l’a aussi été de… François Mitterrand qui connaissait par cœur ses chansons. Macho ? Sardou est de sa génération comme le démontre Florent Barraco et n’est pas du genre à partager les tâches ménagères. Pour autant, il défend les femmes, notamment les musulmanes. Raciste alors, à cause du Temps des colonies ? De l’humour selon notre auteur, mal compris.

Pour autant, une chose est certaine : il continue de déplacer les foules et ses chansons ont des admirateurs dans tous les courants politiques (même des gens comme Alexis Corbière l’adorent). Alors, ne boudez pas votre plaisir et continuez d’écouter, si vous les aimez, les chansons de Sardou. Cet ouvrage est en tout cas une excellente introduction à son univers.

Sylvain Bonnet

Florent Barraco, Michel Sardou, Perrin, « vérités et légendes », octobre 2023, 192 pages, 13 euros

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