Les grandes erreurs de la seconde guerre mondiale, une rétrospective des échecs militaires

Un duo remarquable

Ici on voit le retour du tandem Jean Lopez/Olivier Wieviorka à la tête d’un ouvrage anthologique sur la seconde guerre mondiale. Rédacteur en chef de la revue Guerre et histoire, Jean Lopez est l’auteur d’une série d’ouvrages portant sur la guerre menée à l’est, où l’armée rouge l’a emporté sur la Wehrmacht grâce en partie à une percée conceptuelle dénommée « l’art opératif » (je renvoie à ses ouvrages). Récemment il a publié Barbarossa (passés composés, 2019), qui démontre que dès décembre 1941, l’Allemagne a perdu la guerre. Les travaux d’Olivier Wieviorka, professeur à l’ENS de Paris-Saclay, sont tout aussi importants, comme son Histoire de la Résistance en Europe occidentale (Perrin, 2017) le démontre. Après deux volumes sur Les Mythes de la seconde guerre mondiale, les voici qui s’attaque aux erreurs : vaste chantier !

Un aéropage d’historiens

Ils se sont entourés ici de grands noms : relevons Daniel Feldmann, Vincent Bernard qui a travaillé sur la guerre du Pacifique, Benoist Bihan, Christian Destremau, Roman Töppel (auteur d’un très bon ouvrage sur la bataille de Koursk publié chez Perrin), Nicolas Aubin qui a aussi beaucoup travaillé sur le front de l’est et a publié des ouvrages aux éditions Economica.

Une belle équipe, qui allie universitaires et historiens passés par d’autres horizons dont le journalisme. Pour quel résultat ?  

Qu’est-ce qu’une erreur ?

C’est toujours rétrospectivement qu’on peut, en histoire militaire, affirmer qu’il y a eu erreur. Prenons ici l’ordre de stopper l’offensive dans le nord de la France donné par Rundstedt et Hitler fin mai 1940. Il est motivé par ce que nous savons grâce à la recherche, de l’état des forces à ce moment-là en France mais l’état-major nazi n’avait que des données fragmentaires et redoutait une nouvelle bataille de la Marne. La politique d’apaisement fut aussi une erreur fondée sur une mauvaise appréciation politique de l’Allemagne nazie. Après il y a les coups de dés qu’on peut qualifier d’échec : c’est ce qu’explique aussi le chapitre consacré à Midway, une folie de l’état-major japonais qui aurait pu prendre d’autres décisions. La perte de Singapour est bien analysée par Benoist Bihan qui y voit une faillite presque volontaire des stratèges britanniques, précoccupés avant tout par la situation en Europe. La bataille de Stalingrad, non-sens stratégique, est aussi très bien analysée par Jean Lopez. Et que dire de l’échec de l’opération Market Garden fin 1944, opération portant conçue par le très fin Montgomery, merci à Nicolas Aubin.

Tout amateur de la Seconde Guerre mondiale devra se ruer sur cet ouvrage, qui permet de revisiter certains évènements sous un angle inattendu.    

Sylvain Bonnet

Jean Lopez & Olivier Wieviorka, Les Grandes erreurs de la Seconde Guerre Mondiale, Perrin, octobre 2020, 320 pages, 20 eur

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