Requiem pour les fantômes, entre la mort et la vie
Katherine Arden s’est faite connaître en publiant des romans à succès inspirés par le folklore russe et plutôt réussis : L’ours et le rossignol (Denoël, 2019), La fille dans la tour (Denoël, 2019) et L’hiver de la sorcière (Denoël, 2020). Requiem pour les fantômes change de décor et nous plonge dans l’enfer de la grande guerre, près d’Ypres en Belgique, comme on va le voir.
Dans l’enfer pendant la grande guerre
« Les effets de Freddie furent livrés à Veith Street au lieu de Blackthorn House, et Laura ne reçut jamais le télégramme qui aurait dû les précéder. Elle n’en fut pas surprise. Rien ne fonctionnait plus normalement, depuis décembre. »

Début 1918, Laura Iven, infirmière, a été blessée sur le front et est en convalescence à Halifax, Canada, quand elle reçoit l’annonce de la disparation de son frère Freddie. Laura choisit de retourner sur le front, là où Freddie a disparu. Or, sans le savoir, elle a raison. Deux mois plus tôt, Freddie s’est retrouvé sous un bunker démoli par une explosion, bloqué avec un soldat allemand anglophone, Winter. Les deux se sont entraidés, soutenus dans leur traversée du no man’s land. Arrivés dans la zone anglaise, Freddie a refusé de faire de Winter son prisonnier et ils se sont retrouvés dans un hôtel à écouter la musique d’un violoniste mystérieux, Faland. D’emblée, Winter sent que Faland est une créature différente, maléfique. Il essaie d’avertir Freddie. Mais Winter est malade, blessé : Freddie l’emmène à l’hôpital en lui faisant porter ses affaires. Et il part avec Faland avec qui il passe un pacte qui lui coûtera cher
Dès son retour, Laura entend parler de ce Faland, une légende parmi les soldats épuisés, et finit par passer une soirée à l’écouter : retrouvera-t-elle Freddie ?
Quand on veut, on peut !
Et voilà que Katherine Arden signe un grand roman. Ça arrive et il faut le signaler. La qualité de l’intrigue doit beaucoup à la construction du roman, à ses allers-retours entre Laura et Freddie, leurs histoires parallèles qui finiront par se croiser. Arden a aussi choisi un décor, le front belge de 1917-1918 propice à l’imagination et au fantastique. La fin surprend, émeut. Requiem pour les fantômes est, je le souligne, incontournable pour un amateur de fantastique. Lisez !
Sylvain Bonnet
Katherine Arden, Requiem pour les fantômes, traduit de l’anglais par Jacques Collin, Denoël « Lunes d’encre », septembre 2024, 480 pages, 23,90 euros