Run, cauchemar haletant
Un auteur à la mode
Ayant commencé à publier dès 2004, l’américain Blake Crouch a remporté un grand succès avec la trilogie Wayward Pines, adapté ensuite dans une série avec l’acteur Matt Dillon. Dark Matter (J’ai lu, 2017) et Récursion (J’ai lu, 2021) ont ensuite conforté sa place d’auteur à succès, entre thriller et science-fiction. Les éditions Gallmeister publient ici Run, un de ses premiers romans.
Epidémie de meurtres
« Le président venait de s’adresser à la nation, et les experts s’efforçaient de mettre de l’ordre dans le chaos, comme ils le faisaient depuis trois jours.
Dee Colclough regardait tout cela sur un écran plat dans une chambre d’hôtel au huitième étage, à dix minutes de chez elle, un drap entortillé entre les jambes, l’air conditionné refroidissant la pellicule de sueur sur sa peau. »

Tout a commencé par des meurtres commis par des citoyens lambdas. A Albuquerque, Jack décide, après une altercation violente, de fuir avec sa femme et ses enfants vers le nord. Que Dee ait un amant n’est pas un problème. Que cet amant veuille les massacrer en est un. Jack et les siens quittent Albuquerque en plein chaos, croisant sur la route des gens comme eux… et aussi des forcenés. Déterminé à tout faire pour protéger les siens, Jack n’hésite pas à tuer.
Réfugié dans une maison où deux vieillards se sont suicidés, Jack apprend que tout serait dû à une aurore intervenue une nuit : la plupart de ceux qui l’ont vu sont devenus fous. Mais le Canada est épargné… La route sera longue et violente pour Jack et les siens.
Un rythme haletant
Ce roman a été publié en 2011 et témoigne déjà d’une de nos peurs contemporaines : l’effondrement brutal et soudain de notre civilisation. Ici, la nation la plus puissante du monde s’effondre à cause d’une épidémie de folie meurtrière et on suit l’histoire de Jack et de sa famille qui tentent de survivre tant bien que mal. C’est écrit dans un style très direct (phrases courtes), structuré en une succession de chapitres courts puis plus longs. Blake Crouch a voulu nous immerger dans l’histoire et c’est réussi : on court et on fuit en même temps que les Colclough ! On s’attache aussi à cette petite famille qui, à la fin, s’en sort (ouf). La seule faiblesse du roman est là, le happy ending est trop appuyé, désolé de le dire. Reste que c’est très efficace.
Sylvain Bonnet
Blake Crouch, Run, traduit de l’anglais par Patrick Imbert, Gallmeister, octobre 2025, 384 pages, 23,90 euros