« Hellboy, le Cirque de minuit » : hommages à Herman Melville et Carlo Collodi
Mike Mignola continue d’étoffer l’univers de Hellboy. « Hellboy, le Cirque de minuit » est surtout l’occasion de retrouver deux magnifiques illustrateurs : Garry Gianni et Duncan Fegredo.
Deux nouvelles aventures inédites de Hellboy !
Dans « le Cirque de minuit », l’action se déroule en 1948. Hellboy, encore enfant, s’échappe du BRPD à la nuit tombée pour fumer une cigarette. Son attention est alors attirée par un clown qui punaise des affiches de cirque. Suivant cet étrange troubadour, Hellboy va découvrir un cirque pour le moins mystérieux.
Dans « Into the Silent Sea », Hellboy est capturé par l’équipage d’un vaisseau fantôme. Le capitaine du Rebecca s’est lancé à la poursuite d’une énorme créature marine…
Des références littéraires
Hellboy, le Cirque de minuit contient deux récits complets très différents. Mike Mignola continue à alimenter son univers personnel formaté et ultra-référentiel. Car dans Hellboy, il est souvent question de citations et d’hommages : HP Lovecraft en tête, le Maître de Providence étant une des sources des premiers tomes. Mignola ajoute ici deux nouvelles références évidentes à son monde fantastique.
Herman Melville tout d’abord, à travers le second récit, réinterprétation toute personnelle de Moby Dick, passée ici à la moulinette du pulp. Comptez sur Mignola pour rendre l’ensemble digeste : son histoire de vaisseau fantôme s’avère comme souvent linéaire mais solide. Sous sa plume, « Le Cirque de minuit » devient une relecture des Aventures de Pinocchio de Carlo Collodi, avec Hellboy enfant dans le rôle du pantin de bois. Une dernière référence ? Mignola cite presqu’ouvertement La Foire des ténèbres de Ray Bradbury (poésie, suréalisme) avant de nous plonger dans une réalité bien plus horrifique…
Garry Gianni, merveilleux et trop rare
Mike Mignola ne dessine plus les aventures de sa créature. Avec Hellboy, le Cirque de minuit, il la confie à deux illustrateurs aux styles différents, mais toujours adéquat. Garry Gianni est un illustrateur assez rare dans le monde du comics. On lui doit notamment d’avoir merveilleusement modernisé les aventures de Prince Vaillant au début des années 2000. Sa manière de créer des textures à partir de petits traits secs et fins évoque irrémédiablement les gravures du XIXe siècle. En parcourant son travail, sa présence sur une histoire labellisée Hellboy sonne comme une évidence. On en reprendrait bien encore un peu.
De son côté, Duncan Fegredo choisit de coller un peu plus au style de Mignola. Soutenu par le travail impressionnant du coloriste Dave Stewart, son dessin souligne une rupture profonde entre le monde du cirque et notre univers contemporain.
Plaisir des yeux, plaisir des textes : si ce tome 16 de la saga Hellboy n’apporte rien de vraiment nouveau, il se lit avec plaisir.
Stéphane Le Troëdec
Mike Mignola (scénario), Garry Gianni, Duncan Fegredo (dessin), Hellboy, tome 16 : Le Cirque de minuit, traduit de l’anglais par Anne Capuron, Delcourt, collection Contrebande, janvier 2018, 128 pages, 15,50 euros