In vino Veritas, polar capiteux

Quand deux romancières, amies, toujours bras dessus bras dessous dans les salons du polar qu’elles embellissent de leur présence, se réunissent pour un thriller à quatre mains, cela donne In Vino Veritas, un thriller à la fois drôle et sans répit. Enivrant, et sans modération.

Apéritifs Interrogatoires

Pour délier la langue d’un suspect, quelle meilleure méthode que de lui donner l’occasion de raconter par lui-même toute son histoire ? Et pour délier les langues, quoi de mieux qu’un, voire plusieurs, voire beaucoup, petit verre entre amis ? La méthode est suspecte, et très limite au regard du droit et de la valeur des aveux ainsi obtenus, mais c’est celle qu’emploie avec beaucoup de réussite la gendarmerie de Cestas, petite ville rurale entre Bordeaux et le Bassin d’Arcachon. Le major Cipriani et le lieutenant Dupuis mettent les tonneaux en perce à chaque occasion. Et dans ces grands moments de beuverie tous les acteurs de l’enquête, jusqu’aux avocats, se joignent et c’est en trinquant qu’on résout les enquêtes.  

Une amitié à toute épreuves

Mais la nouvelle enquête qui s’ouvre ne va pas pouvoir être résolue de cette manière, car le suspect n’est autre que le capitaine de gendarmerie Mathias Clavety. Sa femme a été assassinée pendant le vernissage de l’exposition qui devait mettre sa galerie à l’honneur. Le mari est le suspect idéal, mais ses collègues, qui doivent enquêter aussi contre lui, lui conservent leur amitié.

L’enquête va se poursuivre de manière classique, et très efficace. Il faut trouver le meurtrier parmi les invités, près de trois cents. Et on apprend que bon nombre d’entre avaient une une rancœur contre la victime. Rien de simple. D’autant que la malice de nos deux autrices est telle qu’aucun personnage n’est lisse, chacun à sa part d’ombre, mais tous sont profonds et assez vite réel pour les lecteurs.

Et pendant que l’enquête avance, se renoue de belles histoires de famille, une fratrie se ressoude, un père est pardonné. Plus qu’un polar, très bon par ailleurs, In Vino Veritas est d’abord une belle histoire d’hommes. Et les deux autrices parviennent à mêler en une seule voix leurs styles propres, assez différents, mais ici si complémentaires. Une vraie réussite.

Loïc Di Stefano

Magalli Collet et Isabelle Villain, In Vino Veritas, Taurnada, mai 2023, 262 pages, 9,90 euros

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