La vieillesse de l’axolotl, welcome to the machine
Jacek Dukaj est considéré comme le meilleur écrivain polonais de science-fiction et a même été invité l’année dernière au festival des Utopiales de Nantes. La vieillesse de l’axolotl est le premier de ses romans à être traduit dans notre belle contrée francophone et ce grâce aux éditions Rivages, de plus en plus engagées dans le domaine de l’imaginaire.
Après l’apocalypse…
« Le jour de l’apocalypse, avant que les cieux ne se déchaînent, toute la bande s’était donné rendez-vous à la galerie marchande pour déjeuner. Greg avait survécu – si tant est qu’il eût survécu – car prise de soubresauts, la machine à laver de sa voisine du haut avait défoncé le mur de sa salle de bains et inondé le système électrique ; tous les plombs avaient sauté. »

Varsovie, pas très loin de notre époque. Greg arrive dans la salle du boulot et découvre la fin du monde : une onde neutronique est en train de dévaster la planète, anéantissant toute vie. L’Asie vient de succomber et bientôt ce sera le tour de l’Europe. Greg décide alors, comme beaucoup d’autres, de télécharger une copie de son esprit sur un serveur. Et il survit, investissant comme d’autres des corps synthétiques : sexbots, méchas, robots militaires. Et ces post-humains finissent par se poser beaucoup de questions sur leur finitude et leur destin. Certains entreprennent même de recréer des « humains biologiques ». Et y arrivent. La vie revient. Mais Greg et les autres restent insatisfaits, seuls, prisonniers de leurs corps mécaniques, quasi-immortels. D’ailleurs, ont-ils seulement une âme ?
Un roman métaphysique
La vieillesse de l’axolotl étonne finalement par ses thèmes. Une fois passé le choc de l’anéantissement, puis la survie, nous voyons ces humains transformés reconstruire le monde car ils finissent par s’y résoudre, tout en se posant beaucoup de questions existentielles dignes d’un bac philo d’autrefois. C’est prenant, parfois ennuyeux et bizarrement passionnant. Le dénouement déroute et c’est tant mieux.
Sylvain Bonnet
Jacek Dukaj, La Vieillesse de l’axolotl, traduit du polonais par Caroline Raszka-Dewez, Rivages « imaginaire », octobre 2024, 336 pages, 22,50 euros