Beback, fantasme américain

Ancienne commissaire divisionnaire, ancienne cheffe des Stups de Lyon, Danielle Thierry, comme d’autres de ses collègues (pensons à Pagan), s’est reconvertie dans l’écriture de polars, avec un certain succès si on songe à sa série consacrée au personnage d’Edwige Marion. Elle donne ici pour la collection « New York made in France » un roman tout à fait étonnant, Beback.

La quête des origines

« Au bord de la tombe creusée dans une terre jaune, le cercueil attendait, recouvert du drapeau bleu-blanc-rouge. Un hommage aux combattants volontaires de la Résistance, comme l’avait été celui que l’on enterrait aujourd’hui. Dans la France occupée par les Allemands, lors du deuxième conflit mondial, Gustave Devers, que tout le monde ici n’avait jamais appelé que Gus tout, avait été un héros. »

Début 2009, Diane Devers, ex-flic et romancière à succès, est venue enterrer son père quand elle découvre une petite fille quasi-muette lors de la cérémonie. La petite fille s’enfuit, elle la rattrape et découvre ensuite le cadavre du cantonnier, empalé… C’est glauque mais Diane décide, contre ses réflexes de policière, de ramener la petite chez elle. Car elle se sent suivie. Arrivée à Paris, elle voit que cette gamine, Hanna, a comme un air de famille. Et elle commence à enquêter sur elle. Ça l’amène à New York, à des meurtres dans la famille mafieuse des Capitano… et aussi à l’identité du père de son père, un soldat américain de 1918 dont elle a retrouvé la correspondance. Il s’appelait dans les courriers « Beback » mais se nommait en réalité John Capitano…

Un roman de famille

Beback est un roman sur les origines et sur la famille. Voilà cette brave (ex) flic, Diane Devers, un peu perturbée, qui se retrouve rattrapée par le passé de son père et de son aïeul, vite reparti en Amérique malgré quelques scrupules… Débute ainsi une intrigue entre France et Amérique, située au moment de l’accession d’Obama au pouvoir (on sait comment tout cela se termine), avec pas mal de secrets qui se révèlent. C’est parfois ahurissant, assez noir, parfois émouvant. On n’en finira en tout cas pas de sitôt avec les fantasmes des auteurs français autour de l’Amérique, surtout pour le roman noir.

Sylvain Bonnet

Danielle Thiéry, Beback, Rivages, mai 2025, 300 pages, 21 euros

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