Borb, le clochard de Jason Little

Hilarant tellement c’est grinçant

Borb de Jason Little est un ovni de chez Glénat ou plutôt Glénarrrg, la collection déjantée qui édite aussi certains ouvrages de Fabcaro !

Borb n’a rien à voir avec les analyses neuropsychologiques du même nom qui mettent en évidence l’agnosie visuelle. Mais à y regarder de près on peut imaginer que le personnage de ce petit roman graphique aurait « pété » les scores à tous les niveaux !

« Laisse tomber c’est qu’un clochard »

Borb est un clodo, un traine savate, un SDF en tout cas une épave

L’histoire a beau se dérouler dans les faubourgs d’une grande ville américaine, on l’imagine tout à fait à notre porte. Un « pauvre gars » qui se retrouve dans la rue et qui n’a qu’un centre d’intérêt l’alcool, aversion qui l’a rendue dépendant et l’a chassé de son home sweet home par sa femme.

L’autodestruction est son seul ami. Le voilà qu’il enchaine les problèmes qu’il se créée lui-même. Un jour, le voilà avec un nouveau dentier mais plutôt que de prendre son antibiotique quotidien il avale la boite entière d’un trait, cocktail qui va l’entraîner dans une spirale infernale faite de fractures ouvertes… Cela lui donne étrangement goût à se dévaster pour qu’on s’occuper de lui.

Il avale tout ce qu’il trouve et quand on lui trouve un logement temporaire il arrive à y mettre le feu ! Il se sauve in extremis, mais rien ne va s’arranger, la gangrène le guète et il est entré dans une spirale autodestructrice dont il ne prend pas conscience.

Corrosive critique de notre société

Jason Little enseigne par ailleurs la bande dessinée à New York et on imagine non sans mal que le quotidien des nécessiteux de sa grande ville a pu lui donner envie de se risquer à dépeindre la fracture existante entre les marginaux et le commun des citadins.

Il pointe le doigt à la fois sur les espaces sociaux ou médicaux qui peuvent apporter leur soutien et d’autre part sur la population qui s’en détache pour ne pas être éclaboussé par la répugnance de leur sort que l’on ne souhaite ni à nous ni à aucun autre.

Cette satire est désopilante, elle nous fait grincer les dents tellement on imagine les douleurs que subit le pauvre Borb. Jason Little, en faisant l’économie de longs textes et en utilisant des onomatopées ou sous-titres, rend limpide l’histoire. Et réussit à faire de Borb un personnage attachant.

Xavier de la Verrie

Jason Little (dessin & scénario), Borb, Glénat, septembre 2019, 80 pages, 12,75 eur

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