L’autre seconde guerre mondiale, souffrances asiatiques

Spécialiste de l’histoire de l’Asie au vingtième siècle, Jean-Louis Margolin s’était fait remarquer du public avec un ouvrage, L’armée de l’Empereur, violences et crimes du Japon en guerre 1937-1945 (Armand Colin, 2007), où il revenait sur comportement pour le moins brutal des soldats japonais. L’autre seconde guerre mondiale revient plus généralement sur le conflit tel qu’il se déroula en Asie.

Une guerre d’agression tous azimuts

S’il rappelle volontiers les étapes du second conflit mondial en Asie qui, rappelons-le, commence en 1937 en Chine, Jean-Louis Margolin choisit d’emblée d’écarter un récit des batailles. Il choisit, en s’appuyant sur des témoignages, de partir de la guerre au quotidien des civils, voire des prisonniers. Et il inclut également les Nisei, ces nippo-américains internés (mais pas tous) dans certains états de la côte ouest américaine. Et le résultat est éclairant. Le récit des violences de la soldatesque japonaise en Chine est accablant, sans compter les massacres de Nankin. Les civils chinois sont malmenés, violentés, massacrés, on leur confisque leur récolte en riz, on pille les maisons et les temples. Si les européens, particulièrement dans les concessions internationales, sont épargnés jusqu’en 1941, les choses changent ensuite. On les mène dans des camps où les conditions vont s’aggravant… Les choses sont pires en Indonésie. L’Indochine française, occupée depuis 1941, verra les Japonais prendre le pouvoir et interner les Français en mars 1945 : 3000 français mourront.

Un bilan édifiant

Si les Nisei sont internés aux Etats-Unis, leurs conditions de vie n’ont rien à voir avec celles des civils européens, coloniaux, détenus par les Japonais. La dysenterie fait des ravages. La dernière année de guerre voit la famine pointer pour toutes les victimes de l’empire colonial japonais (les Indonésiens ne sont pas du tout privilégiés). Il est probable que si la guerre s’était prolongée, sans les bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki, le nombre de victimes aurait été extrêmement plus important. L’occupation japonaise a en tout cas porté un coup fatal au colonialisme européen et les indépendances suivront, avec des dirigeants qui auront parfois collaboré avec Tokyo. Grâce à Jean-Louis Margolin (et quelques autres avant lui), on connaît désormais mieux ce que fut la seconde guerre mondiale en Asie.

Sylvain Bonnet

Jean-Louis Margolin, L’autre seconde guerre mondiale, Perrin, août 2025, 464 pages, 24 euros

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