Le monde, une histoire familiale de l’humanité : quand l’Histoire mondiale se raconte par ses familles
On croyait avoir tout lu sur l’Histoire universelle. Des synthèses ambitieuses, des fresques mondiales, des atlas richement illustrés mais Simon Sebag Montefiore, historien britannique au style flamboyant, relève un défi inédit : raconter l’Humanité à travers ses familles. Pas les nations, pas les empires, pas seulement les batailles mais les clans, les lignages, les foyers, les rivalités et les alliances matrimoniales qui, depuis la nuit des temps, façonnent le destin collectif. Avec Le Monde, une histoire familiale de l’humanité, dont ce premier tome parait en français, l’auteur nous livre une fresque monumentale, à la fois érudite et profondément humaine.
L’auteur, une grande voix de l’histoire contemporaine

Historien britannique né en 1965, Simon Sebag Montefiore a étudié l’histoire à Cambridge. Membre de la Royal Society of Littérature, il s’est très vite imposé comme une grande voix de l’histoire contemporaine. Il est un spécialiste reconnu de la Russie et du Proche – Orient. Ses biographies de Staline (Stalin : The Court of the Red Tsar et Young Stalin) ainsi que sa monumentale Jérusalem : The biography ou encore The Romanovs (1613 – 1918) lui ont valu une reconnaissance internationale et de nombreux prix. Ses livres sont traduits dans plus de quarante langues et se vendent en millions d’exemplaires.
La famille, matrice de l’Histoire
Dans cet ouvrage, le pari de l’auteur est audacieux : faire de la famille le fil conducteur d’une histoire mondiale. Tout commence donc avec le clan des chasseurs-cueilleurs. Nous sommes à l’époque de la Préhistoire. Là, autour du feu, se joue l’essentiel : la transmission des savoirs, le partage de la nourriture, la survie essentielle du groupe. Puis viennent les sociétés agricoles où la question change ; comment hériter de la terre et surtout comment assurer la continuité ? L’agriculture invente l’héritage et donc de nouvelles formes de domination. Enfin surgissent les dynasties de l’Antiquité : les pharaons, les rois de Babylone, les grandes lignées impériales. Là encore, tout se décide dans le cercle familial : mariages arrangés, alliances politiques, trahisons fratricides. L’histoire mondiale, rappelle l’auteur, est d’abord une affaire privée.
Une écriture accessible et un souffle narratif
Le livre impressionne par son érudition mais séduit surtout par son style. Simon Sebag Montefiore manie l’archéologie, l’anthropologie, l’histoire sociale avec une légèreté remarquable. Chaque chapitre s’ouvre comme une scène : un foyer préhistorique, un mariage dynastique, une querelle de succession. L’historien sait raconter. Et surtout il sait tenir son lecteur en haleine, comme il l’a d’ailleurs toujours fait dans ses précédents ouvrages.
Ce qui frappe : la proximité
Au fil de la lecture, un sentiment troublant s’impose : derrières les millénaires, les civilisations disparues, nous reconnaissons nos propres préoccupations d’homme et de femme du XXIe siècles : Comment protéger nos enfants ? Comment transmettre ? Comment apaiser les conflits entre générations ? Ces questions raisonnent d’âge en âge. Mais l’auteur réussit à faire sentir que même si l’humanité progresse, la famille reste une préoccupation essentielle.
Au final, ce premier tome est une réussite éclatante. On attend la suite avec impatience. Si les prochains volumes tiennent la même promesse, Le Monde, une histoire familiale de l’humanité, s’imposera comme une référence incontournable. Raconter l’histoire de l’humanité par ses familles, c’est sans doute la meilleure manière de nous raconter nous-mêmes. Ne l’oublions jamais.
Franck Dupire
Simon Sebag Montefiore, Le Monde, une histoire familiale de l’Humanité, Tome 1, traduit de l’anglais par Simon Duncan, Passés Composés, septembre 2025, 793 pages, 31 euros
