Histoire des épices au Moyen Age, de nouveaux mondes à explorer
Un historien du Moyen-Age
Ancien membre de l’École française de Rome, Michel Balard a longtemps enseigné à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne. On lui doit Croisades et Orient Latin (Colin, 2001) et Les Latins en Orient (PUF, 2006). Ici, il livre chez Perrin un ouvrage érudit et documenté, Histoire des épices au Moyen Age, qui revient sur la circulation de ces produits si demandés en Occident.
La base de la cuisine de l’époque
On est surpris en lisant cet ouvrage de l’importance de ces épices dans la cuisine de l’époque. On retrouve le poivre bien sûr (même son usage décline au cours de la période) mais aussi le Cumin, l’Alun, l’Anis, le bois d’Aloès, le Câpre, le Gingembre. Et pour cela, les marchands occidentaux doivent aller les chercher en Orient musulman (Byzance s’efface peu à peu après 1204). L’Orient musulman joue un rôle d’interface avec l’Inde (les navires arabes longent les côtés pour y arriver) et l’Extrême-Orient chinois via des routes terrestres. Mais les conquêtes mongoles perturbent ces échanges sans toutefois les abolir. Et les marchands chrétiens (Marco Polo est le plus célèbre) empruntent bientôt ces routes.
Le commerce des épices, un facteur d’innovation
Pour ce faire, les européens construisent des navires différents, importent des outils. On retrouve bientôt des Catalans et des Portugais qui cabotent le long des côtes africaines, cherchant en fait un moyen de contourner l’orient via ce qu’ils vont appeler le Cap de Bonne-Espérance. Pour acheter ces épices directement, faire des profits, les Européens et surtout les Portugais dans un premier temps fondent à la fin du Moyen-âge des comptoirs en Inde et à Sumatra. Finalement ces épices jouent un rôle majeur dans le déclenchement de ce qu’on a appelé la mondialisation ibérique.
Réellement passionnante, cette Histoire des épices au Moyen-Age ouvre un champ d’investigation insoupçonné de beaucoup d’amateurs d’histoire.
Sylvain Bonnet
Michel Balard, Histoire des épices au Moyen Age, Perrin, novembre 2023, 464 pages, 24 euros