Crécy 1346, une défaite pas si désastreuse

Étudier la guerre au Moyen-Age

Ancien élève de l’ENS de Lyon, David Fiasson est actuellement enseignant-chercheur à Cergy Paris. Il a consacré sa thèse à la frontière des ennemis pendant la guerre de cent ans et consacre ses recherches à la guerre durant le Moyen-âge. Ici, il propose de revenir sur la bataille de Crécy en 1346, premier des désastres français si durement raconté par l’historiographie traditionnelle.

Le choc de deux dynasties

Rappelons que la querelle était d’origine dynastique, que le Plantagenêt descendant direct de Philippe Le Bel par sa mère Isabelle, s’estimait plus légitime que le roi Valois : il n’empêche qu’il l’avait reconnu comme suzerain et lui avait rendu bon gré mal gré hommage pour la Guyenne. Mais la guerre éclata et commença l’ère des chevauchées anglaises. L’une d’elles mène à Crécy.

Relire une bataille

Crécy, c’est entendu, fut un désastre pour l’armée rassemblée par Philippe VI face aux Anglais d’Édouard III. Traditionnellement, on en fait une victoire des archers anglais face à la lourde chevalerie française : ce n’est pas faux mais très partiel. Ce jour-là, les Français attaquent le soir et ont le soleil dans les yeux, un désavantage qui va leur coûter cher. Notons aussi que les archers anglais ne pouvaient avoir de grandes cadences de tirs : les chevaliers français (et étrangers, notons la présence du roi de Bohême) butèrent surtout sur les cadavres des chevaux des charges précédentes. Les Anglais achevèrent hommes et chevaux…

Une victoire pour rien ?

Dernière grande charge de chevalerie, Crécy est donc une victoire anglaise… mais pourquoi faire ? A la guerre, il faut remporter des victoires mais aussi gagner la paix en ayant une stratégie. Or le roi de France refuse la défaite. Il engage alors une guerre d’escarmouches pour affaiblir son ennemi. Il fait fortifier les villes aussi, surtout après la prise de Calais. Du coup, les anglais « chevauchent » pour pas grand-chose, avant que la grande épidémie de peste n’entraîne un arrêt des hostilités. Philippe VI a aussi tenté de réformer son armée… Mais son successeur Jean II se montrera incapable de continuer l’effort, ce qui mènera à sa capture à Poitiers, ce qui est une autre histoire.

En tout cas, voici un excellent ouvrage qui immerge le lecteur au cœur de la bataille en se servant des sources disponibles.

Sylvain Bonnet

David Fiasson, Crécy 1346, Perrin « champs de bataille », novembre 2022, 320 pages, 25 euros

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