Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon


Forcément, avec un titre pareil, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon s’annonce comme un livre singulier, et le lecteur est prévenu. Jean-Paul Dubois nous avait habitués à l’originalité, et l’on se souvient avec plaisir de l’amusant Vous plaisantez monsieur Tanner, ou encore de Une vie française, justement récompensé. Entre autres. 

Cette fois, notre Toulousain a imaginé la vie de deux détenus, dans un pénitencier du Canada. Il s’agit d’un gardien d’immeuble franco-danois appelé Paul Hansen, et d’un meurtrier fou amoureux de motos, nommé Horton. C’est Paul Hansen qui parle, et qui nous raconte sa jeunesse, fils d’un pasteur ruiné par le démon des courses, et d’une mère gérante d’un cinéma porno !…

Il n’y a que Dubois pour brosser des situations aussi hilarantes, et aussi inattendues. Elles sont autant de flash back dans le récit de la vie des deux compères, qui partagent une étroite cellule d’où va naitre une étroite amitié. Et d’où émane une humanité inattendue dans ce lieu, à laquelle le directeur de la prison lui-même a toute sa part. 

des hommes rudes au cœur délicat

On l’a compris, la cocasserie est au rendez-vous, comme le titre le laisse deviner. Et Dubois campe ici deux personnages originaux et sympathiques, qu’entourent au fil des pages des personnages plus secondaires mais parfaitement dessinés. Et alors qu’il nous parle de prisonniers, c’est une merveilleuse fraternité qui coule dans ce livre, comme quoi on peut parler argot comme Horton, et avoir le cœur délicat. 

Mais la prison n’occupe pas seule tout le roman. Dubois excelle à nous faire tremper dans des piscines interdites, et à conter les déboires de son héros avec une copropriété tyrannique. D’où de sourdes vengeances et de rudes bagarres qui conduisent en prison. L’esprit décapant de l’auteur suffit à peindre de vives couleurs les scènes les plus improbables. A lire, donc, pour s’amuser. 

Didier Ters

Jean-Paul Dubois, Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, Editions de l’Olivier, août 2019, 240 pages, 19 eur

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