Nos âmes au Diable
Dans un récit qui alterne la voix de la mère et de la fille, Jérôme Camut et Nathalie Hug signent avec Nos âmes au Diable un roman qui plonge au coeur de l’intime le plus effroyable. Mais tout en douceur. Ce qui rend ce roman d’autant plus effrayant.
Les ogres et les petites filles
La petite Sixtine aime jouer à se faire peur. Pendant que sa mère travaille à Paris, elle est en vacances à l’Ile d’Oléron, la Lumineuse, avec son père. Entre deux activités, elle passe chez ses grands-parents, et repart en passant devant le bunker qui l’impressionne tant. Elle joue à rester le plus longtemps possible devant, avancer d’un pas, encore un. Elle a battu son record ! Puis plus rien.
Sa disparition met toute l’île en émoi. A-t-elle été emportée par la marée ? A-t-elle fugué ? Un pédophile en a-t-il fait sa victime ? La famille de Sixtine s’effrite, la vie n’est plus rien. Et les années passent, sans la moindre trace de cette petite fille de 10 ans, emportée parmi tant d’autres.
une mère
La mère de Sixtine est la narratrice principale de ce drame. Sa détresse et sa peine sont inconsolables. Elle rejoint un groupe qui se bat pour les enfants disparus, et un homme, Guillaume, dont le petit Luka a disparu à l’endroit même où Sixtine et sa famille déjeunaient sur l’herbe. Les deux disparitions ont-elles un lien ? Et si le fils des notables habitant à proximité et qui a disparu lui-même… Tous les fils s’entremêlent pour propulser le lecteur dans un univers qu’il ne va pas voir s’enrouler autour de sa gorge et la serrer peu à peu. Il y a le poignant des émotions de la mère, ses amis, ses difficultés après la disparition de sa fille chérie. Mais ils a aussi un retournement particulier : il n’est pas à la fin, et il laissera aux auteurs le temps de prolonger cette terrible étude psychologique.
Nos âmes au Diable est plus qu’une enquête sur la disparition d’une enfant. C’est l’horreur vue de l’intérieur, et c’est une épreuve que le lecteur partage avec effroi, et délectation.
Loïc Di Stefano
Jérôme Camut et Nathalie Hug, Nos âmes au Diable, Fleuve noir, 375 pages, mars 2022, 19,90 euros