Espions en révolution, les coulisses de l’indépendance américaine

L’indépendance américaine revient souvent à visiter des images d’Épinal : la Boston Tea Party avec ces caisses de thé balancés à la mer, le congrès américain et ses grandes déclarations, l’arrivée de La Fayette, jeune et généreux aristocrate (et très arrogant), etc… C’est aussi pas mal d’espionnage et d’intrigues que nous racontent ici l’universitaire américain Joel Richard Paul avec Espions en Révolution.

Un récit haut en couleur

On n’enlèvera pas à l’auteur son talent à nous raconter des scènes dignes d’un roman (et d’ailleurs… on en est pas loin). Entre les intrigues du chevalier d’Éon (on recommande la lecture du chapitre où Beaumarchais va le voir à Londres pour récupérer des lettres compromettantes), celles de Beaumarchais et de Silas Deane, ce dernier étant espionné par un membre de son entourage pour le compte de la cour de Londres… N’en jetez plus ! Les efforts de Beaumarchais, génial auteur du Mariage de Figaro, pour fournir armes, munitions, couvertures aux insurgés sont bien retracés.

La France, véritable initiatrice de l’indépendance américaine ?

Derrière cette sentence provocatrice, reconnaissons en tout cas que sans la France, point d’indépendance yankee. Dès la défaite de 1763, Louis XV avec son secret du Roi, et Choiseul ont entretenu un réseau d’espions (le chevalier d’Éon en est la point émergée) dont le but était simple : encourager la moindre tentative de sédition pour affaiblir la Grande-Bretagne. L’arrivée au pouvoir du faible Louis XVI change la donne de manière circonstancielle mais pas l’objectif : Vergennes attend le moment adéquat. Il nie tout soutien devant l’ambassadeur anglais tout en laissant faire Beaumarchais.

Ce sont les armes françaises et la chance qui sont à l’origine des victoires de Saratoga et surtout Yorktown. Lorsque la France signe le traité de commerce avec les le congrès continental en 1778, le masque tombe mais l’entreprise est déjà bien avancée. Sans le soutien décisif de la France, les treize colonies n’auraient jamais décroché leur indépendance aussi facilement. Enfin, l’auteur a raison d’indiquer que ces « soldats de l’ombre » que furent Silas Deane ou Beaumarchais furent mal récompensés.

Espions en révolution, récit coloré de l’indépendance américaine, plaira à l’amateur de la période.

Sylvain Bonnet

Joel Richard Paul, Espions en révolution, traduit de l’anglais par Bernard Frumer, Perrin, octobre 2022, 384 pages, 23,90 euros

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