L’assassin Eighteen, un roman d’espionnage qui plaira

Photographe, John Brownlow a fait ses premières armes de conteur en tant que scénariste de séries télévisées comme par exemple Fleming. Après une réussite, L’agent Seventeen, voici sa suite, L’assassin Eighteen, également paru chez Gallimard dans la vénérable collection Série noire. On y retrouve les protagonistes du précédent roman et ça décoiffe.

Un tueur qui redécouvre son humanité

« J’attends que quelqu’un vienne me tuer.

Cette nuit, toutes les conditions sont remplies. Plus tôt dans la soirée, une petite brise soufflait, mais maintenant tout est calme, à peine un léger balancement à la cime des arbres, pas de quoi dévier une balle de sa trajectoire. La lune, presque pleine, est assez haute pour permettre à un sniper de gagner sa position de tir, mais pas assez pour que je le repère. »

Reclus dans la maison laissée par son prédécesseur, Sixteen, l’ex-agent Seventeen, l’un des meilleurs tueurs de la planète, salarié par les plus grands services secrets, attend qu’on vienne le tuer. Car c’est la tradition dans sa partie, le meilleur des tueurs doit affronter son successeur… Et la balle arrive. Seventeen survit, s’élance pour retrouver le sniper… et c’est une fillette métisse, dénommée Mireille. Quand il retrouve sa mère morte, il se souvient de beaucoup de choses. D’un contrat au Soudan, d’une femme comme lui, du coin, nommée Gracious avec qui il a eu… une histoire. Il comprend que Mireille est sa fille. Et bientôt elle est enlevée. Seventeen renoue avec ses contacts et certains se font tuer. Il n’a pas d’autre choix que de revoir Kat, la fille de Sixteen, pour avoir un peu d’aide. Mais Kat, qui le déteste (et l’aime aussi, c’est compliqué l’amour), a du mal à accepter… Qu’importe car pour Mireille, sa fille, qui lui rappelle aussi sa mère toxico, Seventeen est prêt à tout

Un résultat conforme au genre

L’espionnage est une littérature de genre curieuse. On y trouve toujours beaucoup de complots, des meurtres, des états voyous, des agents secrets qui sont des durs… et aussi beaucoup d’histoires sentimentales. L’assassin Eighteen a beaucoup d’atouts et d’atours pour séduire le lecteur : une intrigue à tiroirs, une narration à la première personne (et aussi quel personnage que Seventeen !), pas mal de révélations (et qui confirment que les ultrariches sont des gens dangereux). Pour autant, on perd beaucoup de temps dans le récit avec des histoires de cœur ou de famille qui auraient mérité moins d’effluves. Le behaviorisme avait du bon ! Mais je suis conscient qu’il s’agit d’une attente d’un public féru de ce type de romans. Il y trouvera donc beaucoup de plaisir.

Sylvain Bonnet

John Brownlow, L’assassin Eighteen, traduit de l’anglais par Laurent Boscq, Gallimard « Série noire », mars 2024, 592 pages, 22 euros

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