Jour zéro, le robot et l’enfant

La fin du monde comme si vous y étiez

Le premier jour de la fin du monde a commencé tout à fait normalement. Le soleil s’est levé à 6h34 min précises. Nuages épars, beau temps, 22 °C. Circulation fluide – entièrement automatisée – sur la 451, donc pas de problèmes pour se rendre à l’école. Pas d’incendies, de fusillades, d’émeutes. Un dernier jour banal, comme les autres, sur Terre. 

Hopi est un tigre artificiel, un robot nounou dont l’existence autour d’Ezra Reinhart, huit ans. Il vient de découvrir dans le grenier la boîte dans laquelle il est arrivé dans cette maison, la boîte qui servira le jour où on se débarrassera de lui le jour où Ezra n’aura plus besoin de lui. Hopi est intelligent, il se pose des questions. Mais Ezra est tout pour lui. Le soir, il est là avec les parents du petit, Sylvia et Bradley, devant la télévision. Car il y a un évènement : les robots qui souhaitent s’émanciper ont obtenu une ville pour eux, Isaactown, du nom du robot qui a obtenu cette avancée. Des journalistes filment, Bradley boit, comme tous les soirs, quand l’écran s’éteint brusquement. Hopi emmène Ezra se coucher. L’émission continue, on apprend que la ville a été rasée par une bombe. Est-ce la faute de chrétiens fondamentalistes ou d’un complot du gouvernement ? Toujours est-il que les robots se révoltent, quelque chose a levé en eux l’impossibilité de tuer. Et Ariane, l’autre robot de la maison, tue devant Hopi Sylvia, puis Bradley. Pour Hopi, pas le choix, il doit sauver Ezra, coûte que coûte. Et il devra traverser un monde qui a basculé dans la pire des guerres.

Un roman survitaminé et réussi

« Prequel » d’Un océan de rouille (Albin Michel, 2020), qu’on avait aimé et défendu, Jour Zéro se veut une explication des origines de cet univers où robots et intelligences artificielles ont exterminé et remplacé l’humanité. Et on peut dire que ça décoiffe dans ce roman très rythmé où les évènements s’enchaînent très vite. On perçoit beaucoup d’influences, totalement digérées par C. Robert Cargill : Asimov bien sûr, expressément cité pour ses trois lois de la robotique, Egan aussi pour la thématique. Mais c’est aussi un roman d’amour entre un robot et un môme. Un robot doté du libre arbitre par les IA révoltées et qui choisit de sauver un enfant. C’est émouvant, sans sombrer dans le sentimentalisme. Voici un roman qui me plaît, dédié de plus au grand Harlan Ellison. Ce qui me plaît aussi.

Sylvain Bonnet

C. Robert Cargill, Jour Zéro, traduit de l’anglais par Florence Dolisi, illustration de couverture d’Aurélien Police, Albin Michel Imaginaire, août 2023, 288 pages, 21,90 euros

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