Tout va me manquer, un peu d’espoir dans la nuit par Juliette Adam

Des débuts prometteurs

J’ai commencé à lire Tout va me manquer sans me renseigner sur l’auteur comme je le fais d’habitude, je ne sais pourquoi. Dans un premier temps, la lecture m’a laissé un avis mitigé, un goût de d’ensemble non abouti. Puis j’ai réfléchi à l’écriture dans sa globalité, qui est plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord, et je me suis ravisée : ce roman est bon, les personnages sont attachants, tout y est.

Puis, j’ai vu qu’il s’agissait du premier roman de Juliette Adam, tout juste âgée de dix-huit ans, et j’ai compris. Voilà ce que je trouvais un peu léger, un peu en surface, il s’agissait simplement de l’innocence et du manque d’expérience d’une jeune femme, qui a eu le courage de se lancer et d’affronter le jugement de vieilles harpies comme moi ! (1)

De ce fait, je trouve que ce roman est un excellent début,  prometteur pour cette auteure (autrice ou tout ce que vous voulez) qui prendra de l’assurance autant que des années, et qui risque de fort nous surprendre. Certes, si vous voulez un roman ficelé, parfait, avec des personnages captivants et une histoire dévorante, ce roman n’est pas pour vous.

En revanche, si vous voulez passer un moment agréable, avec des personnages humains avec leurs contradictions, et une histoire qui vous fasse réfléchir à la vie et à ses tours de passe-passe, je vous le recommande chaudement.

Du rire au larmes

Etienne est un jeune célibataire, qui vit avec son grand-père et travaille dans un magasin de jouet. Sa vie est terne. Rien ne se passe dans cette petite ville tranquille qui semble complètement hors du temps. Sa rencontre avec Chloé, jeune femme aussi fragile qu’une grenade dégoupillée, va bouleverser sa vie, et lui faire entrevoir de nouvelles perspectives. 

Etienne est timide, et moyennement équipé pour les relations sociales, encore moins amoureuses. Sa maladresse va entraîner des situations tantôt cocasses tantôt tragiques.

Au fil de l’histoire, l’action est lente, afin de nous laisser partager pleinement toutes les émotions ressenties par les personnages. Il y a peu de place pour le bonheur, et le désespoir n’est jamais loin. Néanmoins, ponctué de tendresse et d’ambivalence, le lecteur poursuit sa quête de savoir. Que va-t-il se passer ? Comment cela va-t-il bien pouvoir se finir ? 

Un ensemble très poétique

J’ai cru déceler une certaine forme de poésie, de silence laissé volontairement afin de s’imprégner des choses et des moments. Les relations entre les personnages sont complexes, changeantes, jouent sur nos préjugés et les apparences. Aucune vulgarité, aucune violence gratuite, l’on se croirait dans une peinture que l’artiste peaufine.

Même si parfois le texte est maladroit, le tableau prend forme joliment et l’on y croit.

A la fin de Tout va me manquer, j’ai éprouvé une grande tristesse, preuve que malgré les imperfections, la magie a opéré et je me suis investie dans cette belle histoire.

Minarii Le Fichant

Juliette Adam, Tout va me manquer, Fayard, août 2020, 268 pages, 18 eur

(1) Il s’agit quand même de la fille d’Olivier Adam…

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