L’Homme qui tua Chris Kyle

Vous avez peut-être vu American Sniper, le film réalisé par Clint Eastwood en hommage à Chris Kyle ? C’était le tireur d’élite le plus connu des USA. L’Homme qui tua Chris Kyle est le récit d’un des hommes les plus détesté d’Amérique. Celui qui a tué un héros de la guerre d’Irak. Et, pire, sans raison apparente.

La haine vis-à-vis d’un homme qui a tué un héros, celui-là même qui a tué de sang-froid des centaines de personnes, a de quoi interpeller sur la valeur d’une vie.

Ils transportent plusieurs fusils de guerre, des pistolets automatiques, des revolvers et des munitions. Ils ont rendez-vous avec Chris Ray Routh, un ancien marine traumatisé… 

Eddie Ray Routh, ennemi de l’Amérique

L’Homme qui tua Chris Kyle est un récit historique mené comme une enquête policière ou plutôt un reportage, sur les pas d’Eddie Ray Routh. Cet ancien Marines, qui venait pourtant de recevoir l’aide de Kyle, souffrait de symptômes post-traumatiques. Qu’il ai tué Chris Kyle a été vécu par tous les patriotes américains comme une vraie déchirure. 

L’Amérique, qui s’est lancée à corps perdu en Irak après le 11-Septembre, a envoyée de nombreux militaires à la chasse à l’homme. Chris Kyle, tireur d’élite des Marines, a obtenu toutes les médailles possibles et surtout les plus prestigieuse mais pas à titre posthume. Il a garantie la sécurité de très nombreux militaires en ciblant ses attaques, souvent à très longue distance, sur les djihadistes qui pouvaient porter atteintes aux vies américaines. Son palmarès, si l’on peut dire, ce qui l’a rendu célèbre dans son pays, a été de tuer plusieurs centaines d’hommes.

Au retour de ses missions qu’il vivait comme une addiction, il a fondé l’agence de protection Craft international qui a contribué à accentuer son aura.

Eddie Ray, quant à lui, a été sur des bases militaires en Irak sans vraiment être confronté aux combats. Il a été sur des scènes plus traumatisantes en Haïti. Il en ressort perturbé, choqué et souffre d’une grave dépression communément appelée symptômes post-traumatiques. Sa vie dénuée de sens l’enferme dans la solitude, le plonge dans l’alcool, la drogue et une évidente misère humaine. Pour l’aider sa mère contacte la « légende » Chris Kyle qui, bénévolement, accompagne d’anciens militaires. Sa thérapie : amener ces malades sur les champs de tir, pour libérer leurs souffrances en tirant sur des cibles.

Taya, la femme de Chris Kyle, a également pris une large place dans L’Homme qui tua Chris Kyle. Une femme effondrée, mais restée fière et qui a su reprendre le flambeau de son défunt mari.

Une belle réussite graphique

Après Tyler Cross, Brüno et Fabien Nury remettent le couvert ensembles. Ces deux larrons ont l’air de bien s’entendre. Ils ont en tout cas une forte sensibilité aux romans ou histoires noires et dramatiques. Cette intrigue était faite pour eux et bien loin du tandem Chris & Eddie, ils ont accordé leurs violons pour distiller des clins d’œil affirmés à Clint Eastwood. En effet avant chaque nouvelle partie de ce roman graphique est précédé de citations des films de ce grand acteur et réalisateur incontournable de biopics.

Brüno a fait l’économie d’hémoglobine en prenant du recul sur le drame en traitant objectivement son dessin. Il a tiré ses planches d’images réelles provenant de photos et de reportages TV pour donner cette approche « caméra à l’épaule », s’immisçant dans la vie des protagonistes. Le résultat est cohérent, on suit l’histoire tel un film. Le récit découle de lui-même et les 160 pages sont avalées comme un excellent polar.

Xavier de la Verrie

Fabien Nury (scénario),  Brüno (dessin), Laurence Croix (couleur), L’Homme qui tua Chris Kyle, Dargaud, mai 2020, 164 pages, 22,50 eur

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