The band, un groupe à (re)découvrir

Rock critique, un métier pas si facile

Drôle de métier que celui de critique musical, surtout dans le rock. Le métier a eu ses stars, comme Philippe Manœuvre, Patrick Eudeline, Nicolas Ungemuth ou Eric Dahan, mais est dépendant d’une industrie musicale déprimée par l’effondrement des ventes de disques. On télécharge des chansons, des albums, on n’achète plus de disques : bienvenue dans le nouveau monde. Et puis le rock, mis à part des pachydermes comme U2, ne vend plus… Bertrand Bouard est issu peut-être de la dernière génération qui a aimé le rock, celle des quadras. Il a travaillé pour Rock and Folk, L’express et on lui doit un livre sur un groupe caricaturé, Lynyrd Skynyrd (écoutez Free bird les jeunes). Il se penche ici sur l’histoire d’un groupe atypique, The Band.

Le groupe atypique

The Band, ce sont des musiciens qui ont roulé leurs bosses dans les clubs d’Amérique, aux États-Unis ou au Canada. Ils ont œuvré derrière Ronnie Hawkins, un obscur chanteur de rock, et ont enregistré de ci de là avant d’être repérés par Bob Dylan, comme le raconte très bien Bertrand Bouard. Dès lors tout s’enchaîne avec les tournées (mais sans le batteur Levon Helm qui ne supporte pas tout ce cirque), les voyages en Europe, les enregistrements (mais seulement pour le guitariste Robbie Robertson).

Quand Dylan, après son accident, se replie à la campagne près de Woodstock, ils le rejoignent. Et ils jouent, jamment, écrivent des chansons. The Band est atypique car il n’y a pas de leader, le groupe est une démocratie musicale (dans un premier temps) : Dylan aurait pu prétendre à ce titre mais il est déjà ailleurs.

Une désintégration progressive et quelques chefs-d’œuvres

Du premier disque à la séparation (oublions les reformations) il s’écoule huit ans. Le groupe ne sera pas un gros vendeur mais aura une énorme influence. En pleine époque psychédélique, The Band impose un son plus authentique, autant country rock que soul. Ils bénéficient du soutien de Dylan et leurs deux premiers disques (Music from the big pink et The Band) sont des chefs d’œuvres. Sans être des voix, il y a trois bons chanteurs qui sont aussi de remarquables musiciens. Leurs tournées sont des succès mais voilà, comme pour d’autres groupes des 70’s, la drogue ronge la créativité et l’ambiance. Devant les excès de ses collègues, Robbie Robertson prend le leadership créatif mais se coupe d’eux. En 1976, Scorsese (ce type est un pur fan de rock) filme leur dernier concert (très bon documentaire et très bon disque) : une manière de dire au revoir à la jeunesse du rock, au moment où le punk s’épanouit à Londres… Restent de très bonnes chansons (The Weight, I shall be released).

Ce livre est une bonne occasion de découvrir ce groupe largement méconnu des Millenials.

Sylvain Bonnet

Bertrand Bouard, The Band, Le mot et le reste, mars 2020, 218 pages, 19 eur

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