La Dame au cabriolet : Yvonne, un détective hors norme

Un duo d’écrivains est né. Comme le furent autrefois Boileau et Narcejac ou Franck et Vautrin. Leur petite fantaisie policière, La Dame au cabriolet, raconte les pérégrinations d’Yvonne. Cette détective a deux passions : les chanteurs italiens et les années 80. Que d’aventures dans son son cabriolet jaune poussin.

une héroïne old school

Leur personnage principal, sorte de mascotte moderne, s’appelle Yvonne Vitti. Délibérément old school, elle se balade au volant de « sa vieille compagne suédoise », une Saab 900 cabriolet jaune poussin qui nous rappelle avec bonheur, Dany, cette secrétaire au volant de la voiture de sa meilleure amie, qui décide d’aller voir la mer et entre par mégarde dans un imbroglio qui la rendra folle, ce subtil roman des années 70, écrit par Sébastien Japrisot, La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil.

Affublée en permanence d’un inusable tailleur Chanel bleu marine, célibataire endurcie, passionnée de l’Île de beauté, Yvonne Vitti est une détective privée dans l’esprit des polars des années 70, tels ceux de Manchette, A.D.G., ou encore du Nestor Burma de Léo Mallet.

Comme dans ces délicieux polars de notre jeunesse, que le duo ressuscite pour notre plus grand plaisir, notre Miss détective est lancée sur la piste d’un mari infidèle. Mari qui est un chaud lapin doublé d’un cambrioleur de haut vol. Elle se trouve témoin d’une dispute entre truands qui se termine en une fusillade sans rescapés. Récupérant par malheur une mallette bourrée de billets de banque, elle tombe dans un engrenage infernal qui emmène même son amie de toujours, la journaliste Brigitte Lemercier. Sur fond d’imbroglio gitan, de commissaire et serrurier, de masseuse perverse et de gigolo assassin, Yvonne va se balader au mépris des mantras écologistes et comme à l’ancienne, dans sa vieille SAAB polluante et tonitruante, d’un haras de Seine-Marne, en Corse, puis jusqu’à Marseille, menant tambour battant une enquête, drôle, intelligente et décoiffante.

les plaisirs démodés

La Dame au cabriolet n’est pas seulement un roman policier légèrement déjanté. C’est aussi un florilège de tous les plaisirs que nous pratiquions, sans même y penser, au siècle dernier. Sans mauvaise conscience, sans remords, comme la bonne table, le voyage, la vitesse, le cinéma populaire et insouciant, les chansons italiennes, le dandysme, la drague, etc.

Et, si ce roman policier réveille les nostalgiques d’un âge d’or révolu que nous sommes, c’est aussi l’occasion de découvrir un personnage de fiction, que l’on espère voir revenir, et d’assister à la naissance d’un duo d’écrivains, Guiou & Morales, très talentueux, qui viennent dépoussiérer une littérature contemporaine de plus en plus prudente, fade, falote, par un humour grinçant et une liberté de ton, un imaginaire débridé.

À quand la suite de La Dame au cabriolet ?  

Marc Alpozzo

Dominique Guiou et Thomas Morales, La Dame au cabriolet, Serge Safran, avril 2021, 156 pages, 16,90 eur

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