Un simple enquêteur, l’heure des choix

Spécialiste du roman policier, l’israélien Dror Mishani est devenu auteur de polars à succès avec sa série de livres consacré à l’inspecteur Avraham, devenu commissaire à Holon (la ville de l’auteur au passage), traduite dans plusieurs pays. Avec Une deux, trois, roman-portrait de trois femmes, il a remporté le prix mystère de la critique. Gallimard vient de traduire Un simple enquêteur, où il orchestre le retour d’Avraham.

Deux enquêtes en une

« La commissaire Benny Seban, chef du secteur Ayalon, n’essaya pas de cacher sa stupéfaction. D’un geste nerveux, il ouvrit le tiroir de son bureau et en sortit un étui de velours bleu d’où il extirpa un objet opaque de la forme d’un stylo. »

Avraham vient annoncer à son chef son envie de muter et ce dernier essaie de le retenir. Sans pour autant vouloir entrer dans le détail de ses motivations, comme l’aurait fait son ancienne supérieure et amie, Ilana Liss, décédée d’un cancer il y a peu. C’est un mort qu’Avraham a du mal à encaisser et accepter. Viennent deux affaires qui vont le distraire de ses problèmes. La première concerne un nouveau-né découvert dans une poubelle : Avraham délègue à sa collègue l’affaire. La seconde a trait à une disparition, celle de Jacques Bertoli, alias Raphaël Chouchani, un français. Avraham enquête, appelle sa fille à Paris. Selon elle, Chouchani serait lié au Mossad : ça lui paraît gros, il croit surtout avoir affaire à un affabulateur. Mais son corps est retrouvé, un règlement de comptes apparemment… A la grande surprise d’Avraham, cette affaire finira par entrer en collision avec celle du bébé. Et provoquera une grande crise existentielle chez lui.

Une quête de soi

Avec Un simple enquêteur, nous sommes devant un pur roman policier, avec deux énigmes à résoudre. Nous sommes aussi devant un instantané d’Israël et de sa société et des relations entre juifs et arabes (non, je ne spoilerai pas). Et puis il y a ce flic, amoureux de Maigret de Simenon et de Kurt Wallender de Mankell. Il traverse une crise, se pose des questions que cette enquête avive. Il finira par faire des choix qui changeront sa vie. Un simple enquêteur est un excellent polar.

Sylvain Bonnet

Dror Mishani, Un simple enquêteur, traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz, Gallimard « série noire, janvier 2023, 352 pages, 21 €

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