La fille feu follet, un nouvel enlèvement des Sabines

Une auteure mythique

Décédée en 2018, Ursula Le Guin est principalement connu comme l’auteure du cycle de Terremer et de La main gauche de la nuit. Notons que la publication de ses nouvelles, pour beaucoup inédites, s’accélère en France quand on voit la publication l’année dernière d’Unlocking The Air (ActuSF, 2022) et des Quatre vents du désir (Le Bélial, 2022). Voici en tout cas La fille feu follet, une longue nouvelle publiée en anglais en 2002 dans Asimov Science-Fiction Magazine et publiée dans nos belles contrées francophones chez Goater en 2020 avant d’être ici reprise en poche chez Helios par ActuSF.

Des femmes enlevées pour leur beauté

Bela ten Belen prit la tête d’une expédition de cinq compagnons. On n’avait pas vu de camps nomades près de la cité depuis plusieurs années, mais des faucheurs, dans les champs de l’est, avaient aperçu et signalé des volutes de fumée derrière les collines de Dayward, et les six jeunes hommes avaient déclaré qu’ils iraient voir combien de camps étaient installés.

C’est donc l’histoire d’un commando qui décide de capturer des jeunes filles (très jeunes d’ailleurs) et qui partent en expédition. Ces jeunes filles, réputées pour leur beauté sont donc capturée par des hommes de la Couronne. C’est aussi plus particulièrement de deux d’entre elles, Modh et Mal. Elles deviennent esclaves et découvrent petit à petit le monde et le système social de la Cité avec la Couronne donc, puis le peuple-poussière et les Racines. Modh finit par être mariée à Bela, un de ses ravisseurs, qui se comporte plutôt bien avec elle. Mais les deux jeunes gilles sont hantées par l’esprit d’un nourrisson tué pendant leur capture. Et tout cela finira mal.

Un récit réussi

La fille feu follet fait penser à l’enlèvement des sabines, mythe fondateur de l’antique Rome. Mais ici pas de romantisme : l’enlèvement est brutal, les ravisseurs n’hésitant pas à tuer des femmes et des enfants. In fine, les prisonnières sont réduites en esclavage, à la merci des hommes. Que ceux-ci finissent par devenir ne change rien à la situation de domination extrême. Et il faut reconnaître qu’Ursula Le Guin a très bien travaillé son récit, fort efficace. On trouve ensuite certains de ses poèmes et des analyses d’Aurélie Thiria-Meulmans sur son œuvre, plus un entretien de l’écrivaine avec Terry Bisson. Passionnant.

Sylvain Bonnet

Ursula K. Le Guin, La fille feu follet, traduit de l’anglais par Nardjes Benkhadda, postface d’Aurélia Thiria-Meulmans, Actu SF Helios, janvier 2023, 250 pages, 7,90 euros

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