La journée révolutionnaire, la réalité du peuple en armes
Historien de la Révolution
Spécialiste de l’histoire politique et militaire du XVIIIe siècle, on doit à Antoine Boulant Les Ministres et les ministères du siècle des lumières (Christian- JAS, 1996), coécrit avec Arnaud de Maurepas, une étude sur le tribunal révolutionnaire (Perrin, 2018) et d’une biographie assez remarquable de Saint-Just (Passés composés, 2020) qu’on surnommait l’archange de la Terreur. Antoine Boulant revient ici avec un nouvel ouvrage, La Journée révolutionnaire.
Une typologie
Antoine Boulant a choisi plusieurs journées : la prise de la Bastille, l’invasion du château de Versailles (6 octobre 1789), l’invasion du palais des Tuileries (20 juin 1792) puis sa prise (10 août 1792), l’encerclement de la convention qui manifeste l’éviction des Girondins et trois invasions de la Convention (5 septembre 1793, 1er avril et 20 mai 1795).
Il en ressort plusieurs points : ces foules proviennent des faubourgs de la capitale et son majoritairement des artisans. Il y a des meneurs, comme le brasseur Antoine-Joseph Santerre, issus de ses rangs et qui sont souvent récupérés par des députés (Mirabeau, Danton) qui instrumentalisent ces foules. À ce propos, le rôle du duc d’Orléans et de sa « faction » lors des évènements du 6 octobre 1789 reste encore à élucider…
La faiblesse du pouvoir
Si ces journées révolutionnaires se déroulent, c’est aussi et surtout à cause de la faiblesse du pouvoir. Louis XVI, c’est tout à son honneur, répugne à faire couler le sang. En juillet 1789, il n’a sans doute pas songé à faire tirer sur le peuple malgré les mouvements de ses régiments. En août 1792, il se met à l’abri au sein de l’assemblée, croyant ainsi sauver les suisses qui gardent les Tuileries (ils se feront massacrer). Pour autant ces mouvements n’ont parfois aucun résultat : Louis XVI refuse de rappeler les ministres girondins le 20 juin 1792 les journées de 1795 ne débouchent sur pas grand-chose. En juin 1793, la journée révolutionnaire est instrumentalisée par les montagnards pour écarter les Girondins et investir un État en pleine déliquescence.
Il faudra attendre le désarmement des sections et les évènements de Vendémaire pour que la foule révolutionnaire cesse d’être une menace. En attendant, elle a largement contribué aux évènements en faisant basculer l’histoire. Très bonne étude.
Sylvain Bonnet
Antoine Boulant, La Journée révolutionnaire, Passés composés, février 2020, 228 pages, 18 eur