La guerre de Sécession de Vincent Bernard: le conflit qui fonda les États-Unis

Le spécialiste de la guerre de Sécession

Membre de la rédaction de Guerres et histoire, Vincent Bernard s’est imposé ces dernières années comme un spécialiste de la guerre de Sécession à travers ses biographies du général Lee (Perrin, 2014) et d’Ulysse Grant (Perrin, 2018). On lui doit un essai, Le Sud pouvait-il gagner la guerre de Sécession (Economica, 2017), très stimulant. Et voici son ouvrage sur la guerre de Sécession, qui vient rejoindre celui de John Keegan, publié en ce début d’année par Passés composés.

Le plus grand conflit de l’histoire américaine

On sera d’accord avec l’auteur pour souligner la prégnance de cette guerre civile (on l’appelle ainsi dans l’historiographie américaine) dans l’histoire des États-Unis. Voici deux camps que tout rassemble (la langue, la culture, une histoire commune) et que tout sépare (l’esclavage, la conception de la fédération et du droit des États, l’économie aussi). Le nombre des victimes (entre 750 et 850 000 morts) est sans équivalent dans l’histoire américaine. La question de l’esclavage a donné aussi au conflit, progressivement (Lincoln au début ne souhaite pas l’abolition), une connotation morale. Reste que les noirs, certes libres à l’issue du conflit, furent les grands perdants à la fin du XIXe siècle avec l’instauration des lois « Jim Crow » …

Une guerre annonciatrice du vingtième siècle

Pour être franc, le Nord a d’emblée toutes les chances de l’emporter, tant économiquement que démographiquement. La résistance des sudistes n’en est que plus méritoire, due à la fois à l’inexpérience des deux camps et à la supériorité tactique des généraux sudistes, Lee au premier rang. Mais la grande stratégie est du côté du Nord, avec un Grant qui au bout du compte voit le conflit en plusieurs théâtres d’opérations, tous liés, et mène une guerre d’attrition qui épuisera Lee et ses troupes en Virginie, où se livre une guerre de tranchées annonçant la Grande Guerre. Le Sud était condamné à l’exploit de prendre Washington, ce qui faillit se produire plusieurs fois en 1862, 1863 et même en 1864. Mais le Nord aurait-il demandé la paix ?

Écrit avec clarté, précis, La guerre de Sécession de Vincent Bernard fera les délices des amateurs de ce conflit passionnant et aussi de beaucoup d’autres.  

Sylvain Bonnet

Vincent Bernard, La guerre de Sécession, Passés composés, janvier 2022, 448 pages, 24 euros

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