La Honte et l’oubli, tome 1 : le désastre

Fresque, manipulation et trahisons historiques

Défaut de mémoire, mal du siècle ? Ce que retrace La Honte et l’oubli est une tranche d’histoire espagnole de la fin du XIXe siècle. Deux artistes espagnols ont à cœur de dévoiler la grande dynastie et les conquêtes de territoires hispaniques à travers le globe. Le premier tome de la série donne le ton : Le désastre !

Je parie qu’il leur demande où il y a un bordel pour voir s’il y retrouverait sa mère »

L’enfer du paradis

1897. Félix part contraint de faire son service militaire pour venir en aide à sa famille démunie suite à un accident. Il va retrouver son frère déjà engagé dans un coin de la terre qui, a priori, ne souffre pas encore de conflit. Mais il va se retrouver face à une guerre qui malgré son courage va vite le dépasser.

Manille, cette région d’Asie, parait idyllique. Mais elle marche au-devant de drames sans précédents autour de trois populations qui vont s’entredéchirer pour dominer ce pays. La première, les autochtones indépendants qui veulent à tout prix mettre les colonisateurs dehors. Les espagnols qui ont colonisés les iles des Philippines tentent de les conserver. Et les derniers, les américains qui ont bien envie de s’approprier ce territoire.

Félix fait partie des nouvelles troupes de renfort espagnols. Elles sont composés de toutes sortes d’individus, des plus vertus aux plus névrosés. Et même si leurs ordres sont de protéger la population et leur contrée, les tempéraments vont vite s’opposer et créer de fortes tensions. Félix a la conscience d’un homme de droit et de valeurs humaines. Il va vite montrer ses capacités de fin tireur et de soldat respecté. Cela ne l’aidera peut-être à sauver une femme dont il s’éprend car la guerre éclate et son courage devra être mis à profit pour se sauver et tout faire pour échapper aux attaques des puissants américains.

Série prometteuse

On ne peut qu’apprécier un scénario captivant alternant entre terreur et humanité mis à mal devant tant d’hommes sournois. 

Le dessinateur a créé des personnages avec beaucoup de tempérament et d’expression. Il a un trait qui me fait penser au talentueux Ralph Meyer avec des scènes de guerre et de combat d’un très beau rendu. Et des couleurs vieillies pour mieux appréhender l’époque.

Xavier de la Verrie

Gregorio Muro Harriet (scénario) & Alejandro Macho Andrès (dessin), La Honte et l’oubli, Tome 1 Le Désastre, Glénat, mai 2019, 56 pages, 14,50 eur

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