La saga CRISPR, opération Frankenstein

Un sujet compliqué

Au nom de la science, les scientifiques sont capables du meilleur comme du pire. Aline Richard-Zivohlava, rédactrice en chef du Figaro Santé et auteur de Dans la peau des bêtes (Plon, 2019), se penche ici sur un dossier qui n’est pas au sommaire de l’actualité mais qui peut être lourd de conséquences : la modification du génome humain via une technique très particulière, un outil moléculaire dénommé CRISPR-Cas9.

Une découverte scientifique majeure

Pour faire simple, CRISPR permet de faire mieux que les OGM où le clonage façon Dolly. Il permet de modifier et de reprogrammer l’information génétique contenue dans les cellules, humaines ou non. Il s’agit d’une découverte collective de scientifiques français, américains, chinois. On peut ainsi à terme optimiser des espèces végétales afin de les rendre plus résistantes, plus rentables, plus productives (La technique des OGM est complètement dépassée, José Bové va s’en étrangler). On peut aussi améliorer l’homme…

Science et humanité

Et cela a été fait : en Chine en 2018 des bébés génétiquement modifiés sont nés, en infraction avec la loi. C’est en tout cas devenu possible. Avec cette découverte, on peut supprimer certains gènes à l’origine de maladies génétiques. Cela signifie pour certains scientifiques avoir comme corollaire l’affaiblissement du potentiel génétique de notre espèce. Pour la majorité d’entre eux, c’est aussi la porte ouverte à l’eugénisme : bienvenue à l’homo superior ! On frémit en imaginant des scientifiques de l’époque nazie utiliser cet outil. Mais les apprentis Frankenstein n’ont pas besoin d’être des rejetons du IIIe Reich, ils existent dans des universités américaines ou européennes. Ils ont juste à cœur d’arranger des familles qui les paient grassement et de devenir célèbres (et nobélisables ?).

La saga CRISPR est un livre très angoissant : le XXIe siècle promet bien des cauchemars.  

Sylvain Bonnet

Aline Richard-Zivohlava, La saga CRISPR : la révolution génétique qui va changer notre espèce, Flammarion, octobre 2021, 368 pages, 22,90 eur

Il est à noter que le thriller s’est déjà emparé de cette technique, comme l’a fait Franck Thilliez dans Luca.

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