La Vague, surf blues par Ingrid Astier

Une des valeurs sûres du polar français

Ingrid Astier s’est fait un nom grâce à sa trilogie du fleuve, lancée par Quai des enfers (Gallimard, 2010) où elle met en scène la brigade fluviale de Paris avec des personnages comme Rémi Jullian et Jo Desprez. Quai des enfers a reçu le Grand Prix Paul Féval de la littérature policière. Puis il y a eu Angle mort (Gallimard, 2013) et Haute Voltige (Gallimard, 2017), qui ont obtenu un grand succès critique et public. Ingrid Astier a suivi Aurélien Masson aux Arènes où paraît La Vague, loin de la brigade fluviale de Paris, comme on va le voir.

Mauvaises vibrations

Sur la presqu’île de Tahiti, il y a quantité de surfeurs qui attendent la vague, comme en Californie où à Hawaï. La vague, la vraie, s’appelle ici Teahupo’o et peu arrivent à la dompter. Hiro y est arrivé, il est une légende là-bas.

[…] Hiro était un prince. Capable de passer des heures à attendre la Vague. Celle qui, en quelques secondes, lui apporterait l’éternité. Une vague qui savait être aussi grande qu’un hall d’aéroport. Une vague qui, déjà cent fois, aurait pu le tuer. Le moment venu, il se glissait en elle et elle l’enrubannait  d’un tube parfait. Alors, Hiro entendait le souffle du géant, puis il rentrait. »

Mais voilà, Hiro a des soucis. D’abord sa sœur Moa, partie il y a des années en laissant derrière elle son fils Tuhiti et ses démons, revient. Ensuite il y a l’arrivée de Taj, un surfeur d’Hawaï qu’on dit aussi bon qu’Hiro et qui veut lui contester sa prééminence dans le milieu des surfeurs. Mais le pire est que Taj amène avec lui l’ice, une drogue qui fait des ravages sur l’île. Même le jeune Tuhiti finit par y goûter. Le cauchemar surgit au paradis.

On attendait mieux

Ingrid Astier a fait la preuve de son talent avec Quai des enfers ou Haute Voltige. Elle a choisi avec La Vague l’exercice difficile du contrepied en délocalisant son univers à Tahiti. Cela ne lui a pas autant réussi qu’à Gauguin. Si on est devant ici un vrai polar, avec histoire de drogue et de passé qui ne passe pas (l’histoire de Moa cache bien d’horribles secrets), on a du mal à adhérer à cette ambiance faussement cool sur fond de surf. Et  puis cette mythologie de la vague…  Enfin, il y a trop de dialogues qui ralentissent l’intrigue. C’est dommage, on attend beaucoup d’Ingrid Astier.

Sylvain Bonnet

Ingrid Astier, La Vague, Les arènes, « Equinox », février 2019, 416 pages, 20 eur

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