La ville captivée, l’espace public parisien du XVIIIe siècle

Une nouvelle collection

Voici le premier volume d’une nouvelle collection, « le présent de l’histoire », dirigée par Antoine Lilti, ouverte à des travaux et des essais originaux par leur sujet. Laurent Cuvelier, maître de conférences à l’université de Tours, ouvre donc le bal avec La ville captivée, essai tiré de sa thèse consacrée à l’affichage à Paris au XVIIIe siècle et à son sens politique.

Affichage publicitaire et politique

Au XVIIIe siècle naît une opinion publique à Paris dans un contexte marqué par les débuts d’un capitalisme marchand en pleine expansion. Les murs de la ville se couvrent d’affiches annonçant spectacles, marchandises à acheter : c’est le début de la publicité. Mais il y a aussi des affiches annonçant les spectacles, les pièces de théâtre notamment et enfin celles relatives aux publications de lois, de règlements et d’emplois à pourvoir. L’objectif est d’attirer l’œil, de susciter la curiosité des patients. Et, comme le démontre Laurent Cuvelier, ces imprimés très éphémères (mais dont on a conservé pas mal d’exemplaires) finissent par jouer un rôle dans la contestation de l’ordre établi.

Un espace public saturé

Le premier à avoir réfléchi sur les conditions de la naissance d’un espace ou d’une opinion publique indépendante de la religion et de l’État est l’allemand Jürgen Habermas. Plus récemment, Robert Darnton, notamment avec L’humeur révolutionnaire, paru cette année chez Gallimard, est revenu sur ce qui est un des grands phénomènes du XVIIIe siècle en France, c’est-à-dire la prise d’indépendance de l’opinion publique parisienne par rapport au gouvernement royal. Cet ouvrage de Laurent Cuvelier apporte une dimension supplémentaire à leurs travaux, montrant la double nature de cet affichage un peu sauvage qui emplit l’espace public parisien, à la fois politique et économique : Paris est ainsi au centre de la naissance d’une double modernité mêlant politique et capitalisme.

Donc un très bon essai.

Sylvain Bonnet

Laurent Cuvelier, La ville captivée, Flammarion « le présent de l’histoire », octobre 2024, 370 pages, 24,70 euros

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