Les chasseurs dans la neige, de Jean-Yves Laurichesse


C’est un petit livre plein de charme et de douceur.  Un petit roman, mais pas seulement, car l’auteur raconte en fait l’origine d’un tableau célèbre de Peter Bruegel, Les Chasseurs dans la neige, œuvre maitresse du seizième siècle flamand. Et cet auteur s’appelle Jean-Yves Laurichesse, professeur de lettres à Toulouse, et admirateur de Giono. C’est assez dire. 

On sait fort peu de choses de Peter Bruegel l’Ancien, père de Jan Bruegel, dit de Velours. Ce livre romance une courte période de sa vie, celle où il s’installe dans un village enneigé des Flandres, et où il brosse mille dessins qui deviendront plus tard, dans son atelier de « Brussel », l’un de ses plus beaux tableaux. On suit ainsi le peintre dans son cheminement artistique, son amitié avec les habitants pauvres de ce village, et, pas à pas, se dessine devant le lecteur l’œuvre majeure qui deviendra « Les chasseurs ». 

Tout l’art de l’écrivain est d’accompagner Bruegel dans sa création, de nous laisser deviner ses états d’âme, et de peindre à son tour quelques moments d’une vie, sans insister sur rien. Cette délicatesse dans le récit, comme dans la langue, à l’opposé du réalisme grossier de certains auteurs à la mode, peut se regarder comme une œuvre d’art à son tour. Elle fait penser au joli roman consacré à la jeune fille à la perle de Vermeer, car tout ici n’est que sensibilité. 

Rien à voir, donc, avec une ennuyeuse et compilatoire biographie. C’est l’inverse : ces chasseurs passent dans la neige comme un rêve éveillé. Leurs traces révèlent la plume d’un fameux écrivain.

Didier Ters

Jean-Yves Laurichesse, Les Chasseurs dans la neige, Ateliers Henry Dougier, décembre 2018, 90 pages, 14 eur 

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