Le général Delestraint, un homme d’honneur
Une figure à redécouvrir
On a un peu oublié avec le passage des années la figure du général Charles Delestraint (1878-1945), résistant et chef de l’AS (armée secrète), exécuté par les SS à Dachau à la veille de l’effondrement du IIIe Reich. Cette biographie de Jean Bourcart vient éclairer un itinéraire plutôt exemplaire.
Un officier excellent devenu promoteur des chars
Saint-cyrien, Charles Delestraint est un homme qui appartient à une génération de patriotes, formés dans le souvenir de la défaite de 1870, qui connaît le feu dès les combats de l’été 1914. Courageux, excellant dans l’exercice du commandement, Delestraint voit aussi les débuts d’une arme nouvelle, les chars. Et c’est là que sa vie change. Après 1918, Delestraint, que cela soit à comme chef de corps à Vanves ou à Metz comme général, devient un promoteur de l’armée blindée. Hasard de l’histoire, Delestraint a sous ses ordres le colonel de Gaulle, défenseur de l’arme blindée. Ont-ils échangé ensemble ? Delestraint a-t-il donné des conseils au futur chef de la France Libre ? A la veille du déclenchement des hostilités, Delestraint est en tout cas en retraite et doit être rappelé au service.
Le résistant et le héros
Delestraint fait tout son possible, se bat au sein de son groupement cuirassé jusqu’au bout mais la défaite est là, la France est battue. Delestraint n’en a cure et proclame dans son dernier ordre du jour sa confiance dans le destin du pays. Petit à petit, l’homme commence à se rapprocher de la Résistance et ne s’engage pas à Vichy, même s’il garde longtemps du respect pour Pétain. Approché, il accepte de devenir le chef de l’armée secrète et de devenir le subordonné du général de Gaulle, qu’il revoit à Londres en compagnie de Jean Moulin. Son rôle est de préparer une organisation militaire devant prendre les armes après le Débarquement. Il ne fait qu’en poser les bases car il est arrêté en juin 1943. À cause de René Hardy ? On ne saura jamais clairement. Delestraint, déporté par les nazis, suscite le respect, voire l’admiration de ses camarades de camp. Il meurt au moment où le nazisme s’effondre. Contrairement à un Weygand, il n’a pas été prisonnier de sa caste, a fait le choix de rébellion au nom du patriotisme et est mort dans l’honneur. Merci à Jean Bourcart pour cette éclairante biographie.
Sylvain Bonnet
Jean Bourcart, Le général Delestraint, Perrin, mars 2023, 368 pages, 24 euros