Atlas de la guerre d’Algérie, un conflit qui ne passe pas

Voici la réédition d’un atlas de la guerre d’Algérie, opportunément ressorti pour le soixante-dixième anniversaire de la Toussaint rouge. Il est l’œuvre de Guy Pervillé, spécialiste de l’histoire de l’Algérie coloniale, longtemps professeur à l’université de Nice.

Un conflit qui vient de loin

Les cartes présentées ici illustrent ainsi les racines d’un conflit qui remonte à la conquête, brutale, de la Régence d’Alger, puis de l’ensemble de ce qui allait devenir l’Algérie. Seule colonie de peuplement de ce qui allait devenir le second empire colonial français, l’Algérie est mise en valeur par et pour les européens, la population indigène étant relégué au second plan malgré une importante croissance démographique. La réussite de l’agriculture, notamment dans la plaine de la Mitidja, se fait dans le cadre colonial, où la colonie apporte à la métropole des matières premières. Les européens, passé une première phase jusqu’aux années 1870, sont surtout présents dans les villes (ils sont majoritaires à Oran), de condition modeste. La métropole fait aussi venir des musulmans pour travailler dans les usines à partir de la Grande guerre et le nationalisme algérien se développe beaucoup parmi cette population pas encore immigrée… La défaite de 1940 ébranle le prestige de la France et le 8 mai 1945 voit les algériens descendre dans la rue et attaquer les européens. La répression, féroce, fait des milliers de victimes. Dix ans après, la guerre commence.

Guerre coloniale et guerre civile

Le conflit ouvert en 1954 voit donc le FLN former des maquis et attaquer les européens, dans un premier temps là où ils sont peu présents. L’état français réagit avec violence mais, sans cette fois, réussir à endiguer la vague indépendantiste. On connait ensuite le déroulement du conflit avec l’envoi du contingent, la bataille d’Alger et le plan Challe qui permet à l’armée française de reprendre la main. C’est aussi une guerre civile qui voit le FLN combattre, y compris en métropole, les partisans de Messali Hadj, et l’OAS, à partir de 1961, prendre les armes contre la Ve république et la politique d’autodétermination décidée par le général de Gaulle. Reste des mémoires encore largement inconciliables. Cet atlas synthétique constitue une bonne introduction à un conflit encore brûlant.

Sylvain Bonnet

Guy Pervillé, Atlas de la guerre d’Algérie, Autrement, octobre 2024, 96 pages, 24 euros

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