Le peuple du Larzac de Philippe Artières, un coin de rebellion
Un historien inspiré par Michel Foucault
Directeur de recherches au CNRS, ancien élève de Michelle Perrot, Philippe Artières, inspiré par les idées de Michel Foucault, a travaillé sur la médicalisation des écritures au XIXe siècle, surtout celles des criminels. Il s’est ensuite fait connaître en publiant Vidal le tueur de femmes, en collaboration avec Dominique Kalifa (Perrin, 2011). Il consacre ici un livre au plateau du Larzac et aux populations qui s’y sont agrégés au fil des siècles.
Le Larzac, passé, présent…
Le grand public a fait la connaissance des paysans du Larzac lors de la contestation de l’extension du camp militaire dans les années 70. Philippe Artières se propose ici de retracer la généalogie des gens du Larzac. Cela inclut les gallo-romains, les Templiers, les protestants, les soldats du camp (installé depuis la fin du XIXe siècle) et aussi les animaux du plateau, brebis en tête (je sens que certains vont ici écarquiller les yeux).
Après tout, pourquoi pas ? Les animaux sont nos compagnons depuis le néolithique, y compris ceux que nous élevons et que nous consommons. Et si leur histoire était aussi la nôtre ?
Un territoire-palimpseste
Un des intérêts du livre est d’ouvrir sur d’autres mémoires du lieu, largement méconnues : les républicains espagnols par exemple, internés sur le plateau en 1939 avant de rejoindre des unités de la Légion étrangère ; des officiers allemands, SS inclus, prisonniers après 1945 ; des militants algériens, puis des Harkis dans les années 50 et 60. Et les paysans des causses ? Quel fut leur attitude ? Tour à tour empathique et méfiante, jamais enthousiaste devant la mainmise de l’État, peut-être une cause de leur entêtement (légitime pour l’auteur de ces lignes) contre l’extension du camp militaire.
Le peuple du Larzac est un ouvrage stimulant (y compris pour les amateurs de roquefort). Et puis… Rien ne vaut les rebelles !
Sylvain Bonnet
Philippe Artières, Le Peuple du Larzac, La découverte, mai 2021, 304 pages, 21 eur