Les gens des collines de Chris Offut, plongée dans l’Amérique rurale

Un écrivain plutôt inconnu aux États-Unis

Professeur dans plusieurs universités américaines, scénariste pour des séries télévisées comme True Blood ou Treme (celle-ci créée par David Simon), Chris Offut a d’abord été publié en France par Gallimard avec Le Bon frère en 1997 ou le recueil de nouvelles Kentucky Straight en 1998. Il a ensuite trouvé refuge chez l’éditeur Gallmeister – comme beaucoup de ses collègues- et a remporté le prix Mystère de la critique en 2020 avec Nuits Appalaches. Les gens des Collines se situe dans la même région.

Retour au pays natal

Mick Hardin se réveilla par fragments, chaque partie de son corps semblant séparée du reste comme si on l’avait désarticulé et jeté à la décharge. Il était allongé sur son bras, ankylosé après des heures appuyé sur la terre. Il fit bouger ses jambes pour s’assurer qu’elles fonctionnaient, puis laissa ses pensées dériver. Quelques oiseaux avaient entonné leur refrain dans la lueur de l’aube. Au moins, ce n’était pas un mauvais rêve qui l’avait réveillé. Juste des oiseaux désœuvrés. 

Enquêteur dans l’armée, Mick Hardin revient en permission après avoir appris la grossesse de sa femme Peggy. Mais voilà, Peggy l’a trompé et ne sait pas qui est le père. Mick s’enferme dans la cabane de son grand-père et boit, boit pas mal. Sa sœur Linda, shérif du comté, vient le secouer de sa torpeur alcoolisée. Elle a besoin de lui, on vient de trouver le cadavre d’une jeune veuve dans les bois. Dans le coin, les gens ont tendance à se faire justice par eux-mêmes et Linda a besoin d’aide. Mick accepte : il n’est pas au bout de ses peines.

Une Amérique inconnue

Avec ce roman, Chris Offut nous dresse le portrait d’une Amérique rurale, de gens ordinaires qui peinent à boucler leurs fins de mois et qui vivent entre eux depuis des générations. Le meurtre de la jeune femme est une occasion de voir défiler amis, membres de la famille, suspects, d’apprendre qui ils sont et donc de découvrir ces américains des Appalaches à l’écart de la modernité. Mick Hardin est ici très doué pour les interrogatoires. Apprendre l’identité du meurtrier importe peu, comprendre est plus important. Les gens des collines est un excellent roman noir.

Sylvain Bonnet

Chris Offut, Les gens des collines, traduit de l’anglais par Anatole Pons-Reumaux, Gallmeister, avril 2022, 240 pages, 22,50 euros

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