L’agent Seventeen de John Brownlow, un thriller efficace

Photographe de formation, John Brownlow est plus connu comme réalisateur de documentaires et aussi comme scénariste, notamment sur les séries Fleming et Miniaturiste. Pour son premier roman, il a choisi le genre hyper codifié de l’espionnage. Le résultat, L’agent Seventeen, en vaut-il le coup ?

Tuer son prédécesseur

« Je ne t’ai pas dit mon nom. C’est parce que ce n’est plus le mien. C’est celui d’un autre, quelqu’un qui était moi mais que j’ai cessé d’être il y a longtemps. Il ne reste probablement pas dix individus vivants qui gardent un souvenir de cette personne, pas à cause de moi, mais parce que cette personne était nulle, un zéro, un chiffre, une phrase vide de sens. »

Seventeen est le top de ce qui se fait comme tueur. Discret, efficace, sachant effacer ses traces, sans attaches. Mais Seventeen effectue une mission à Berlin où sa cible avant de mourir murmure : parachute, parachute, parachute. Troublant. Et puis il y a cette fille, Kovacs, travaillant pour une autre équipe et qui a voulu le tuer. Elle voulait devenir clairement Eighteen à la place de Seventeen : ce dernier se ramollit-il ? En tout cas, Handler, son contact, lui donne comme mission d’éliminer son prédécesseur, Sixteen alias Kondracky, devenu auteur de romans d’espionnage. Seventeen a toujours admiré Kondracky. Il hésite un peu mais dire non serait une marque de faiblesse. Le voilà donc sur les traces de Kondracky, méfiant mais encore peu susceptible de suspecter l’ampleur de ce qui se trame…

Un page-turner bien ficelé

Narration à la première personne, chapitres courts et allant à l’essentiel, violence bien dosée et puis un peu de complots : L’agent Seventeen remplit le cahier des charges du bon roman (produit) rattaché au genre de l’espionnage. On en apprend aussi petit à petit beaucoup sur le passé de Seventeen et son choix de carrière. C’est très efficace, avec en sous-texte un commentaire acide sur la politique américaine (il y a un personnage d’agent de la CIA haut en couleur). L’ensemble fonctionne, la lecture est agréable, l’amateur appréciera ce roman dont une suite est en cours de rédaction. Rien de nouveau cependant si on a lu James Grady.

Sylvain Bonnet

John Brownlow, L’agent Seventeen, traduit de l’anglais par Laurent Bosq, Gallimard « série noire », mars 2023, 512 pages, 23 euros

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