Les lapins peintres, une fable extraordinaire
Au bord d’un étang perdu, dans un trou de verdure, deux petits lapins peignent à fleur d’eau le reflet de ce que le jour et la nuit leur offrent de si fabuleux à voir.
L’un peint le jour, par petites touches, en sifflotant des chansons anglaises. L’autre peint la nuit, plus doucement, cherchant à rendre compte de toutes les nuances du noir nocturne.
Il répétait que le noir de la nuit était chaque fois différent,
Que le noir de la nuit n’était jamais vraiment noir.
Ils se rejoignent à l’aube et au crépuscule pour mélanger leurs couleurs qui se fondent dans le jour qui se dérobe, dans la nuit qui tire sa révérence…
Un matin, une pie au mécanisme rouillé vient se poser sur l’arbre qui surplombe l’étang faisant office de toile aux deux peintres. Cette pie apporte avec elle un gros nuage noir qui refuse de quitter le tableau.
Quelque chose semble avoir arrêté l’écoulement du temps. Les lapins peintres sont bloqués entre le jour et la nuit. Alors « un jour perdu entre hier et demain » ils décident d’aller voir d’où vient ce nuage. Ils partent en ballon, dirigé par un pédalier monté à l’envers, vers la source du problème.
L’horloge sonna. Les lapins se regardèrent.
Ils arrêtèrent son balancier puis, sur le mur,
Ils peignirent une fenêtre et sur la fenêtre,
Ils peignirent un reflet. Le reflet d’un matin tout frais.
Cette fable extraordinaire, comme un rêve murmuré à l’oreille, emporte le petit lecteur, comme le grand, dans un voyage coloré subtilement.
La magie opère entre le trait enchanteur de Stéphane Poulin et la poésie de Simon Priem.
Ces deux lapins-là se sont assurément bien trouvés. Ils ont dû croiser le pinceau et la plume quelque part entre le jour et la nuit.
Chut ! L’enfant dort, l’horloge tourne et les couleurs changent…
Elodie Da Silva
Simon Priem (récit) et Stéphane Poulin (illustration), Les Lapins Peintres, Sarbacane, octobre 2022, 32 pages, 16,50 euros