Les vainqueurs, comment la France a finalement gagné la Grande Guerre

En 1914, l’armée allemande est clairement vue comme la première du monde et manque d’écraser l’armée française (on peut même penser que sans l’offensive russe, la France aurait été battue). Fin 1918, l’armée française, certes avec ses alliés, remporte la victoire. Pourquoi ? Et comment la France a finalement gagné la Grande Guerre ? C’est la question que pose Michel Goya dans Les Vainqueurs.

 

L’officier historien

 

Ancien militaire, Michel Goya est docteur en histoire contemporaine et a déjà publié de nombreux ouvrages : La Chair et le feu, l’armée française et l’invention de la guerre moderne 1914-1918 (Tallandier, 2004), Sous le feu, la mort comme hypothèse de travail (Tallandier, 2014) ou des ouvrages sur la période contemporaine comme Irak, les années du chaos (Oeconomica, 2009). Fin août, il a publié Les Vainqueurs qui se propose de revenir sur la dernière année de la guerre. L’Allemagne l’aborde en effet en position de force, avec une nette supériorité numérique grâce à la paix de Brest-Litovsk conclue avec les bolcheviks. L’objectif est de rompre le front occidental avant que les troupes américaines ne soient opérationnelles.

 

L’efficacité française

 

Ludendorff, le généralissime allemand, décide d’abord de faire plier l’armée britannique et de la couper de l’armée française. Or, en Picardie ou dans les Flandres, les allemands échouent d’un point de vue opérationnel et chaque percée est rapidement colmatée. L’armée française a pour elle une profondeur stratégique, une grande mobilité grâce au réseau de transports et de logistique, sans compter les chars et l’aviation. La prudence de Pétain et ses orientations tactiques (priorité à la deuxième ligne de défense) alliée au moral et au sens de l’offensive de Foch permettent aux français de résister. Michel Goya montre aussi combien l’économie française a réussi à devenir l’arsenal des démocraties (pour reprendre une expression utilisée au sujet des Etats-Unis durant la seconde guerre mondiale), armant et équipant les américains. On y découvre aussi que les français furent les premiers à utiliser les chars dans des opérations combinées visant la rupture du front.

 

Une victoire perdue ?

 

Le dernier chapitre de l’ouvrage permet d’entrevoir comment l’armée française, dont les tactiques vont modeler l’US Army jusqu’à la seconde guerre mondiale, va perdre sa supériorité durant l’entre-deux guerres. Les restrictions budgétaires, la difficulté à trouver des alliances efficaces (on saluera ici l’inconstance britannique), le choix de la ligne Maginot, la sclérose bureaucratique et tactique… Autant de raisons qui expliquent la débâcle de 1940. Goya estime qu’un Foch en 1940 aurait pu faire la différence : mais il n’y eut que Gamelin, Weygand et… Pétain.

 

Voilà un excellent ouvrage qui permet de comprendre comment l’armée française gagna en 1918, influençant par la suite d’autres armées.

 

 

 

Sylvain Bonnet

 

Michel Goya, Les Vainqueurs, Tallandier, octobre 2018, 352 pages, 21,50 euros

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