L’Herbier merveilleux. Notes sur le sens caché des fleurs du Louvre

Artiste plasticien reconnu, Jean-Michel Othoniel a reçu, pour le trentième anniversaire de la Pyramide du Louvre, la commande d’exprimer bellement l’importance des fleurs dans les huit départements du grand musée parisien. Il se penche alors sur le sens caché des fleurs dans les œuvres exposées au Louvre dans un Herbier merveilleux qui porte vraiment bien son nom.

de la mythologie des plantes

Après une petite photographie de la plante en médaillon, avec son nom commun et son nom latin, Jean-Michel Othoniel écrit un texte plus ou moins court qui rappelle intelligemment les origines mythologiques de la plante.

On y apprend par exemple que les mûres seraient nées des larmes de Bellerophon, tombé de Pégase dans un buisson épineux qui le rendit aveugle, ses larmes de sang devenant ces baies symboles à présent d’arrogance et d’aveuglement… Que l’ortie est à la renaissance symbole de courage, d’énergie et d’endurance. Que la pensée est « par excellence la fleur de la Passion du Christ. Elle rappelle, par le nombre de ses pétales, les cinq plaies du Christ et, par ses trois couleurs, la Trinité. » Que le Pissenlit « serait né de la poussière soulevée par le char de Phaéton » mais aussi « symbole de l’oracle puis de la parole du Christ » : quel héritage pour une si modeste et fragile petite fleur…

Chaque illustration est le détail d’une œuvre. Et l’on admire la puissance de la symbolique que les artistes classiques savaient cacher, ornant d’un détail pour nous anodin une puissante scène, que la fleur choisit accompagne et commente à la fois. Cette science se perd, c’est regrettable, mais Jean-Michel Othoniel sait redonner goût à l’étude ! Car dans un tableau comme Portrait de l’artiste tenant un chardon d’Albrecht Dürer, le regard se porte habituellement sur le noir magique, le regard du modèle et les détails infinis, mais quel sens donner au chardon ? celui de la pénitence et de la douleur du Christ ? celui de la fidélité masculine ? ou bien simplement celui d’une préoccupation plus spirituelle que matérielle ?


Magnifiquement illustré, cet Herbier merveilleux est une invitation à parcourir les couloirs du Louvre en se concentrant sur les détails qui fleurissent sur les œuvres et les parterres. Une manière différente de regarder et de comprendre l’art.

Loïc Di Stefano

Jean-Michel Othoniel, L’Herbier merveilleux. Notes sur le sens caché des fleurs du Louvre, Actes sud / Musée du Louvre, 160 illustrations, index, mai 2019, 208 pages, 35 eur

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