L’Odyssée d’Amos – Bienvenue dans le monde (presque) parfait d’Ataraxia

Thierry Maugenest, auteur bien terrien à qui l’on doit le best seller Les Rillettes de Proust (JBZ & Cie, 2010) mais aussi de romans policiers et d’aventures, serait-il le Thomas More moderne ? En tout cas il nous emmène à travers L’Odyssée d’Amos dans un monde aussi idyllique qu’inquiétant, celui d’Ataraxia.

 

Ataraxia est un monde qui semble  parfait. Composée  de clans, la société ataraxienne est une société où chacun connaît sa place. Tous vivent en harmonie avec la nature selon les sept principes édictés par les Anciens : Solidarité, Connaissance, Parcimonie, Mémoire, Respect, Liberté et Découverte.  La propriété n’existe pas, la monnaie est bannie, l’égalité règne. Seul l’Ordre supérieur veille au développement harmonieux de l’humanité et a autorité. Mais cette belle mécanique s’enraille lorsqu’Amos de Slima, un docte aussi brillant qu’impulsif, tente de prévenir ses pairs d’un danger imminent menaçant Ataraxia. Rejeté et poursuivi, Amos est décidé à démasquer celui qui tente de détruire le système ataraxien pour établir un nouvel ordre… ou revenir aux sources.

 

Une vision apocalyptique d’un futur possible

 

Si Ataraxia est un monde utopique, la Terre d’en bas nous rappelle une réalité bien présente. L’humanité terrienne comptait seize milliards d’habitants, chacun vivant pour soi. Une consommation effrénée, un égoïsme galopant ont laissé la planète à l’agonie, une planète achevée par un conflit opposant pays du Nord aux pays du Sud pour le contrôle des ressources. A l’heure où les Etats-Unis se retirent de l’accord de Paris, où le glyphosate peine à être interdit, où des hommes meurent de faim tandis que d’autres vivent dans une surconsommation délirante, il n’est pas trop difficile de se projeter dans cet avenir bien sombre. Ataraxia est-elle cependant la réponse à tous nos problèmes ?

 

Entre uniformité sociale ou hétérogénéité

 

Pour survivre, des hommes détenteurs de hautes technologies sont partis à la conquête de l’univers. Ils installent sur Ataraxia, une société à l’opposé de celle de la Terre d’en bas. Elle repose sur une uniformité sociale visant à décourager les  conflits et à protéger l’environnement. Elle rejette donc toute hétérogénéité pour le bien de la communauté.  La société apparaît  comme figée excluant tout progrès. Le prix à payer en quelque sorte pour préserver la terre et l’égalité entre les hommes. Cette société est-elle si idéale ? Les hommes sont-ils voués à dominer ou à être dominés ?

 

 

 Un  roman inclassable

 

Roman philosophique, utopie sociale ou roman d’anticipation, roman d’aventure, il est difficile de classer l’Odyssée d’Amos. Polymorphe, le récit nous plonge dans un monde imaginé par le mystérieux François Bournaud. Rien ne manque : la cartographie d’Ataraxia, le lexique (indispensable) et les illustrations de la faune et de la flore qui jalonnent le récit.  L’Odyssée d’Amos  est donc un roman inclassable, hors norme.

 

C’est une plongée en apnée que nous propose Thierry Maugenest. Troublant, angoissant, plein d’espoir aussi, il nous interroge sur notre place et notre relation à la Terre. Espérons qu’il ne s’arrête pas là et nous livre rapidement la suite des chroniques d’Ataraxia. La menace semble s’éloigner mais pour combien de temps…

 

Clio Baudonivie

 

Thierry Maugenest,  L’Odyssée d’Amos, tome 1 :  Les chroniques d’Ataraxia, Editions Tohu Bohu, février 2018, 304 pages, 19 euros

 

PS : l’ataraxie est un état propre aux stoïciens et aux épicuriens, celui de la tranquillité de l’âme qui ne court derrière plus aucune lubie parce qu’elle est pleine d’elle-même, satisfaite, comblée…

 

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