Comme une image, la petite fille modèle selon Magali Collet

Comme elle le signale elle-même dans sa note postface, Magali Collet a toujours souhaité écrire sur l’enfance. Elle le fait avec brio dans cette histoire glaçante. Comme une image, plongez dans la psyché d’une petite fille modèle…

trop parfaite

Lalie est une petite fille modèle. Douce, gentille, beaucoup plus intelligente et cultivée que ses dix ans le laissent supposer. Haut potentiel, même. Mais une série de drames va tomber sur elle, à commencer par la séparation entre ses parents. Et la naissance d’un petit frère, fais à la hâte, dans une dernière tentative de reconstruire le couple. Ce sera vain, et voilà Lalie sans son pas et avec un petit frère sur les bras.

Lalie va donc mener sa vie entre l’école où elle règne et ses deux maisons. La sienne la semaine, un week-end sur deux chez son père et « la pute », qui le lui a volé. Sa mère s’enfonce petit à petit dans sa tristesse et s’accroche à son petit frère. Cela créé des tensions, du ressentiment, et surtout cela met Lalie en dehors du centre de l’attention…

au-dessus de tout soupçon

— Mais non, voyons, c’est une enfant. Très perturbée, certes, mais une enfant tout de même.

— C’est une psychopathe.

Petit à petit, jouant un double jeu avec beaucoup d’adresse, Lalie va recentrer son petite monde sur elle. Elle manipule sa mère, son père surtout qui ne sait rien lui refuser, et sa belle-mère. Sans parler de ses petits-frères, ses camarades de classe, ses chats, son chien… Tout ce qui se dresse sur sa route et à qui elle voue une haine parfaite et froide. Elle exerce le contrôle sur son entourage au point de… glacer le sang des lecteurs !

Comme une image joue habilement sur l’innocence et la perversion. Et les touches d’humour (« même mort il continue à me faire chier »), qui apportent une petite respiration, sont autant de reculs pour plonger encore plus profondément dans la noirceur froide du personnage. Le récit est vraiment oppressant. On sait pertinemment ce qu’il se passe, mais on refuse d’y croire. Magali Collet nous manipule comme le fait avec les siens sa petite Lalie ! Et à chaque petit espoir qu’elle entr’ouvre, on s’y précipite, on tente de s’y accrocher… pour prolonger notre propre supplice. C’est un roman glaçant et immoral, et parfaitement jouissif.

Loïc Di Stefano

Magali Collet, Comme une image, Taurnada, octobre 2022, 256 pages, 9,90 euros

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