Wartburg 1210, nouvelles menaces pour le chevalier troubadour

Comme annoncé dans l’interview qu’il nous avait amicalement accordée, Jean d’Aillon nous offre une nouvelle aventure de Guilhem d’Ussel. Durement éprouvé et blessé dans Béziers 1209, le chevalier troubadour va devoir sauver les siens et faire face à de nouvelles menaces.

Face à son passé

Après le massacre de Béziers où une armée de Croisés a tué tous les habitants sans distinction, Guilhem n’a pas le temps de se remettre des scènes horribles auxquelles il a assisté. A peine revenu dans son fief de Lamaguère, il doit préparer au plus vite le départ de ses gens pour les mettre à l’abri des hommes partis en croisade contre les Cathares. Ils se lancent alors sur les routes de France et doivent faire face aux brigands, aux seigneurs opportunistes et aux bandes armées à l’affût d’un gain facile pendant cette période troublée.

Ces dangers, Guilhem pense les connaître. Il est cependant loin d’être au bout de ses peines : les fantômes de son passé vont ressurgir et se mêler à de nouveaux dangers parmi lesquels se mélangent sorcières invoquant le diable, tempêtes de neige et magie noire.

Identique mais jamais le même

On ne le dira jamais assez : il est difficile de ne pas lasser le lecteur lorsqu’un héros est récurrent. Et le pari est réussi encore une fois en ce qui concerne Guilhem d’Ussel qui est sans conteste mon personnage préféré de Jean d’Aillon. Chaque nouvel épisode apporte un nouvel éclairage sur la personnalité complexe de cet ancien routier reconverti en seigneur protecteur des cathares.

Nous l’avions laissé affaibli dans Béziers 1209 suite à la mort de sa femme Sanceline et de leur enfant. Un drame qui n’est pas nouveau pour Guilhem. Piégé, emprisonné, il ne peut empêcher l’attaque de son château et le massacre des habitants de Béziers par l’armée de Simon de Montfort. Mais Wartburg 1210 voit le retour du chevalier troubadour dans toute sa puissance.

Sous diverses formes, son passé va ressurgir : comme dans Paris 1199, il va devoir conduire sur les routes de France les cathares dont le libraire Aignan pour les protéger des croisés. Sur la route, il va retrouver de vieux ennemis rencontrés dans L’évasion de Richard Cœur de Lion qui ne vont avoir de cesse de lui faire payer les humiliations passées. Un voyage donc de plusieurs mois qui va le conduire à Rouen, à Paris et enfin au château de Wartburg en Thuringe. C’est là que Guilhem souhaite retrouver son équivalent germanique : Wolfram d’Eschenbach, chevalier et Minnesänger (Monségur 1201). Pour Guilhem, c’est une manière de revenir aux fondamentaux : son épée et sa vielle à roue.

Guilhem, Blancheflor et Gretel

La petite touche en plus, car connaissant Jean d’Aillon, il y en a toujours une, est la référence aux contes des frères Grimm ou des mythes germaniques les ayant inspirés. Il y a d’abord celui de Blanche Neige et de sa méchante belle-mère, ici Blancheflor, qui empoisonnée par une pomme, se retrouve à l’état de zombie dans la masure des sept mineurs de Basse Saxe en attendant son prince. Nous retrouvons également celui d’Hansel et Gretel où la fin du frère est plus tragique que dans l’histoire de mon enfance. Rajoutez un lot de sorcières se rendant au Sabbat lors de la nuit de Walpurgis pour y sacrifier un nouveau-né et vous aurez une atmosphère prenante voire un tantinet angoissante.

C’est donc avec un grand plaisir que nous avons retrouvé le chevalier troubadour dont les aventures sont loin d’être finies !

Clio Baudonivie

Jean D’Aillon, Wartburg 1210, Plon, avril 2019, 560 pages, 22,90 eur

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