L’envers de la girafe, face à l’obsession
Révélé par des romans comme Bouche d’ombre (Rivages, 1996), Mourir n’est peut-être pas la pire des choses (Rivages, 2003) ou encore Les derniers jours d’un homme (Rivages, 2010), Pascal Dessaint est un des promoteurs du roman noir à la française, dans une veine sociale alimentée par sa formation d’historien. L’envers de la girafe se situe dans une veine chorale, croisant comme on va le voir le destin de quatre personnages.
Des humains et d’une girafe
« Comme de vivre dans un escalier en colimaçon, et de rater une marche sur deux à longueur de temps, et parfois d’en rater plus, et de dégringoler, et j’avais encore la force de remonter, et il y avait cette dernière marche que je n’atteignais jamais. C’était ça dans mon sommeil, et souvent à l’état de veille. »

Gaspard a une vie formidable : il est chargé de la vidéo surveillance d’un carrefour. Mais Gaspard a un problème : il apprend que sa femme Judith, l’amour de sa vie, a un amant. Ça l’obsède, ça le bouffe. A proximité, on trouve Lucas, passionné de girafes, qui vit avec sa mère acariâtre. Lucas commence à avoir envie de se défouler sur elle. Non loin, il y a Zélie, connue pour se montrer nue à son balcon. Une belle âme qui se bat pour des causes dérisoires et perdues. Elle a comme compagnon Pierre, un transporteur qui, justement, amène une girafe sur ce carrefour. Enfin, l’homme à la craie hante le quartier et répertorie les mauvaises herbes. Ces vies vont se croiser. La faute au destin ? En tout, les choses ne vont pas bien se passer.
De l’humour face au destin
Pascal Dessaint livre ici un roman drôle et pourtant angoissant. Chacun de ses personnages est un obsessionnel. Chacun est sur le point, peu ou prou, de faire une sortie de route. De faire une connerie. Je vous laisse les découvrir mais il est clair que nous pouvons nous retrouver dans chacun d’entre eux, voilà pourquoi Pascal Dessaint nous dérange dans nos certitudes : pas mal donc. On peut en déduire que son roman, noir bien sûr même s’il n’y ni gangster ni meurtre (quoique…), est donc plutôt réussi.
Sylvain Bonnet
Pascal Dessaint, L’envers de la girafe, Rivages, avril 2025, 290 pages, 21 euros
