La Horde, les mondes des Mongols
Maîtresse de conférence à l’université Paris-Nanterre, Marie Favereau a collaboré au projet européen « Empires nomades » et s’est spécialisé dans l’étude de l’empire mongol. Elle a publié récemment La Horde chez Perrin où elle revient sur la naissance d’un empire qui, s’il manqua de conquérir l’Europe, transforma selon ses propres termes le monde.
Un empire nomade et ouvert
Si l’Empire fondé par Gengis Khan est finalement mal connu, c’est essentiellement, on le comprend à la lecture de ce livre, au caractère nomade des Mongols. Issu de la steppe eurasiatique, les Mongols sont un peuple, encore aujourd’hui, étranger à la sédentarisation. De plus, l’historiographie européenne les a largement dépeints comme un peuple sanguinaire et pillard, carrément frustre. Marie Favereau démonte chacun de ses clichés. Les Mongols apparaissent non seulement comme des guerriers compétents (vu l’importance de leurs conquêtes, c’est la moindre des choses !) mais surtout comme de brillants administrateurs.
Les Mongols font entrer dans leur empire de nombreux peuples, comme les Russes, sans vouloir les assimiler : c’est le tribut qu’ils réclament, signe de la reconnaissance de l’autorité suprême de leur grand Khan. Très ouverts sur le plan religieux, ils acceptent et reconnaissent christianisme, bouddhisme et islam. S’ils finissent par se convertir à la religion fondée par Mahomet, cela ne remet pas en cause leur tolérance initiale.
Un espace économique et culturel
Les Mongols réussissent aussi à fonder un espace qui englobe Europe et Asie, favorisant la circulation des biens, des hommes et des idées. On trouve des marchands génois en Crimée, des marchands chinois en Asie centrale, dans des territoires contrôlés par des éléments de la Horde. Si l’espace mongol finit par se fragmenter aux XIV et XVe siècles (la Peste noire joue ici un rôle important), ce décloisonnement va perdurer, y compris grâce aux Russes qui finissent par prendre le relais des Mongols à l’époque moderne. Ce dernier peuple a d’ailleurs été profondément marqué, pour le meilleur et pour le pire, par la domination des différents Khans.
La Horde est un ouvrage profondément novateur, il doit être lu par tous les curieux d’histoire.
Sylvain Bonnet
Marie Favereau, La Horde, Perrin, février 2023, 320 pages, 25 euros