« Mes vies secrètes » de Dominique Bona
Les livres de Dominique Bona, romans et biographies, ont été couverts de prix, et, récompense ultime, elle-même a été reçue à l’Académie Française. Loin de s’y arrêter, elle poursuit son œuvre, pour l’essentiel consacrée à la vie littéraire du vingtième siècle. Après avoir percé les vies de quelques personnages célèbres — Romain Gary, Camille Claudel, Berthe Morisot, Paul Valéry, Colette, et d’autres —, elle s’aperçoit qu’elle n’a pas tout dit, ou plus simplement qu’elle les a beaucoup aimés, et veut en parler encore. Tels sont l’objet, et le sujet, de Mes vies secrètes.
En racontant certaines rencontres, en évoquant des souvenirs plus personnels, Dominique Bona va plus loin, jusqu’à évoquer sa propre vie, biographe de soi-même en quelque sorte. On croise ainsi au fil des pages d’autres célébrités, d’autres auteurs, tels Malraux, Dali, Maurois, Stefan Zweig ou Debussy, à propos desquels l’auteur avait omis un détail, ou une anecdote. Et de partir inlassablement à la découverte de tous ces évènements, petits ou grands, qui la mettent sur la piste d’une œuvre, grâce à telle rencontre, ou à tel témoin.
Trouve-t-elle un secret mal enfoui, une maitresse inattendue, une maison peu connue, un amour de vieillesse, et voilà un éclairage nouveau sur un livre ou un écrivain. Loin de toute invention, les sources sont clairement citées, comme Maurice Druon, Jean-Marie Rouart, Michel Mohrt, ou Simone Gallimard, qui lui a ouvert les portes de l’édition et du succès. Ce qui vaut quelques jolis passages sur les filles polissonnes de Hérédia, ou les confidences de François Nourrissier.
Sans doute prend-elle du plaisir à se mettre en scène aux côtés des grands hommes dont elle parle. Mais du moins, ceux-ci gardent-ils toujours une prééminence sur l’auteur, même si ce livre est un peu l’aveu que la vie de Dominique Bona se confond avec son œuvre. Pas question de roman ou de fiction, ici, mais d’un témoignage sincère, donc attachant, et aussi parfaitement écrit.
Didier Ters
Dominique Bona, Mes vies secrètes, Gallimard, janvier 2019, 310 pages, 20 eur